Affaire XYZ

Bonjour,

Mes capacités d'analyse du monde, et de la vie sociale, étant ce qu'elles sont,
cela fait quelques semaines que je me pose la question de savoir
si cette affaire Strauss-K.,
à propos de laquelle les presses quotidienne et hedomadaire tapissent les kiosques à journaux,
présente,
d'un point de vue rationnel,
un quelconque intérêt,
ou si cela fonctionne, au niveau de l'inconscient,
comme un vulgaire sitcom.

Eon

Et quelle est ta réponse ?

Jerome Charyn, le célèbre écrivain américain de la culture underground des années 70 (Isaac Le Mystérieux; Le Geek de New-York)) donne ce jour dans Le Monde (Le Monde daté du 24 août 2011) une interview sur l'affaire DSK. Cet entretien n'étant pas disponible sur le site LeMonde.fr, j'en cite quelques passages :

Les médias en ont fait un coupable. A mon sens, il ne peut plus y avoir un procès équitable.
Dominique Strauss Kahn est d'abord perçu comme un étranger en Amérique. Un Français. Il s'est immédiatement trouvé victime d'un préjugé défavorable(...)
Les Américains considèrent avec méfiance la sexualité "à la française" peu conforme à leur culture puritaine, contrainte, où le sexe est caché et la drague mal vue (...)
Nous autres Américains, considérons avoir les mêmes valeurs que les Européens. Et nous sommes d'autant plus étonnés d'une telle différence dans la culture de la sexualité.
DSK a été pris au piège parce qu'il n'a pas su lire nos codes (...)
Ne ne parlez pas de justice, ni de procès. Ces mots n'ont pas lieu d'être. Il n'y a pas de justice dans ce cas, Dominique Strauss Kahn a déjà été jugé par le cirque médiatique.
La perpwalk est une chose humiliante (...)
(Quant à Nafissatou Diallo, elle) en a tiré la publicité dont elle avait besoin.

Jean-Luc a écrit:Et quelle est ta réponse ?

Je n'ai absolument pas suivi cette affaire,
mais, comme cela, vu de loin,
j'aurais tendance à replaquer mon interprétation standard
concernant la presse grand public :
les presse quotidienne et hebdomadaire n'auraient pas prioritairement fonction d'informer
mais d'indigner
en désignant des victimes et des êtres malfaisants.
Ici, il y aurait un petit suspense :
des deux protagonistes, qui est la victime, qui est l'être malfaisant ?
On retrouve là le schéma scénaristique ordinaire du polar : l'indétermination :
des différents suspects, quel est le bon ?
Un petit suspense qui serait une aubaine pour les marchands de papier
en leur permettant d'assurer une histoire à épisodes.

Mais précisément, j'aimerais savoir si, dans ce cas-ci,
il y a quelque chose en plus,
quelque chose pouvant présenter un intérêt véritablement informatif.

Ben, quand quelqu'un a été publiquement sali, il y a certainement un intérêt pour lui à ce qu'on rétablisse son honneur et sa réputation.

Je ne sais pas si sa réputation et son honneur pourront être rétablis ! Dans ce sens là, je suis d'accord avec Eon : et je me dis qu'avions nous donc à être tenus informés de ces péripéties ? Effectivement, en quoi est-ce important pour nous ? D'un autre côté, il est un homme public, il briguait la plus haute magistrature. Dans notre système démocratique n'est-il donc pas normal que les citoyens sachent qui ils élisent ? Je suis partagé.

Hippy73 a écrit: Je suis partagé.

Dans cette affaire qui, personnellement, me paraît bien fadasse,
peut-être un point intéressant est-il précisément là :
la polysémie ambivalente actuelle du personnage :
- (ex-) héraut lumineux d'un parti de gauche aux prochaines élections ;
- héros sombre d'une histoire de chambre d'hôtel ;
- dominant capitaliste, argentier, d'où figure aristocratique ;
- en tant que tel, cible de la dramaturgie révolutionnaire populaire imprégnant notre vie sociale depuis 200 ans ;
- a fortiori, potentiel dominant capitaliste exerçant un pouvoir sur une personne du peuple, désargentée ;
- en tant que tel, doublement cible potentielle de la dramaturgie révolutionnaire populaire ambiente ;
- potentiel dominant mâle exerçant un pouvoir sur une jeune femme ;
- en tant que tel, cible potentielle de la remise en cause de la domination masculine sociale et privée ;
- potentiel dominant blanc exerçant un pouvoir sur une personne noire ;
- en tant que tel, cible potentielle de la dramaturgie antiraciste populaire imprégnant notre vie sociale ;
- victime potentielle d'une jeune femme sans doute noire et désargentée, mais peut-être malhonnête et manipulatrice ;
- en tant que tel, cible potentielle de la compassion populaire auto-valorisante ambiente.
Pas mal pour une seule figure dramaturgique.
Difficile en tout cas de faire entrer pour le moment une telle chimère
dans les catégories du tout-héros ou toute-victime ou tout-malfaisant
de la mythologie bien rôdée des journalistes de Libération et des scénaristes de films de kung fu.
D'où un petit suspense :
quelles mentions inutiles va-t-on rayer ?

Fadasse ? Mais c'est toute la destinée de l'homme dans cette histoire, chute et rédemption, l'histoire éternelle de l'homme, les grands romans n'ont jamais rien raconté d'autre finalement. Il en devient (DSK) presque un héros romantique, c'est une histoire qui (me) fait penser au film de Veit Harlan Le Juif Süss...

Le Comte de Monte Cristo

Michel Rocard a déclaré hier lundi 29 août 2011 au Grand Journal de Canal + à propos de DSK :"Cet homme a visiblement une maladie mentale et il a des difficultés à maîtriser ses pulsions. C'est dommage, il avait un vrai talent."

j'ai vu la vidéo mais a croire que sachant tout se qui a eu comme accusation contre lui, moi je croit plutot comme s'est l'ancien patron FMI je pense plutot que Michel Rocard ancien premier ministre, que les gens tente n'importe quoi pour le détruire encore plus a cause de toutes les accussations qu'ont a fait envers lui , moi personnellement j'y croit pas a tout se qu'ontdit sur DSK

Jean-Luc a écrit:Michel Rocard a déclaré hier lundi 29 août 2011 au Grand Journal de Canal + à propos de DSK :"Cet homme a visiblement une maladie mentale et il a des difficultés à maîtriser ses pulsions. C'est dommage, il avait un vrai talent."

Hier, Laurent Fabius a répondu sur I-Télé: "Je ne savais pas que Michel Rocard était un expert médical international reconnu."

Je ne peux que me réjouir que DSK soit librement rentré chez lui. Je ne l'aime pas particulièrement mais toute cette affaire, le déchaînement des chiens (et chiennes) contre lui me l'a finalement rendu sympathique. Toute cette chasse à l'homme m'a profondément énervé, la condamnation sans procès orchestrée par ceux, celles-là mêmes qui d'ordinaire sont les premiers à s'indigner du non-respect de la présomption d'innocence, les grandes conscience de l'humanité, ceux là qui à longueur d'année se posent en garant de la morale. Et la Anne Mansouret qui avait conseillé à sa fille Tristane Banon de ne pas porter plainte pour ne pas nuire à sa carrière qui parle aujourd'hui d'indécence ! DSK était forcément coupable parce qu'il fréquentait des boîtes échangistes, et avait une vie privée pas claire. Mais qu'est-ce que c'est ces nouveaux pères (et mères) la pudeur qui jugent de la culpabilité ou de l'innocence, de la réalité d'un fait, sur le mode de vie ou les pratiques sexuelles de quelqu'un ? La sexualité fait encore peur.

N'exagérons rien : le viol ne fait pas partie des pratiques habituelles de la sexualité, il en est même à l'opposé. Cependant, au delà du cas particulier et pitoyable de DSK, je serais assez d'accord avec toi néo-codion : depuis Freud et Reich, effectivement la sexualité fait peur, tellement que nos "scientifiques" cherchent désespérément aujourd'hui et par tous les moyens à pouvoir "créer" des enfants en se passant de tout rapport sexuel et que pour s'en protéger notre monde la réduit à la gaudriole ou à la pornographie. Oui, la sexualité c'est sale !

DSK cherche à se faire ré-engager par le FMI comme vigile... pour monter Lagarde !

Autrefois, lorsque les femmes et les hommes vivaient encore ensemble, c'est à dire dans le même monde, on apprenait aux petites filles, aux jeunes filles, à savoir adroitement décourager une galanterie un peu trop appuyée ou un peu trop insistante. La Comtesse de Ségur dont on a que des photos d'une grand-mère gâteau mais qui avait été une jeune femme extrêmement ravissante et assez courtisée, cependant très pieuse et chaste, et connaissant parfaitement les hommes, savait se défaire avec une extrême habileté et toujours avec gentillesse ou humour d'une tentative d'étreinte qu'elle ne souhaitait pas.
Aujourd'hui, avec le manque de subtilité qui caractérise notre époque, sûres de leurs charmes de septième merveille du monde et avec leurs gros sabots, les jeunes filles éduquées par TF1 ne savent que crier "au viol" pour une tentative de baiser volé. Tristane Banon est à leur image. Nous devons réapprendre au plus vite à vivre ensemble. Nous n'en prenons pas le chemin.

Cela n'enlève en rien, bien sûr, à l'ignominie de DSK !

Certes, mais les hommes, les jeunes garçons étaient aussi éduqués en ce sens et à entendre les supplications, les refus des femmes, éduqués au sens moral. Les appels à la raison des femmes n'auraient certainement pu marcher si les jeunes garçons n'avaient par ailleurs été également éduqués en ce sens.
Désolé, ton jeu de mot est vaseux !

Mais d'accord sur l'urgence de réapprendre à vivre ensemble.

Si ce n'est pas trop tard. Enfin ,pour encore deux ou trois générations !

Quand on y pense, il a quand même des drôles de goûts DSK, la Hongroise, Nafissatou Diallo, Tristane Banon...
Quand on y pense ...

Le journaliste américain Edward Jay Epstein, qui avait révélé des comportements étranges de certains employés du Sofitel, sort aux Etats-Unis, après une enquête minutieuse, une livre sur l'affaire DSK sous le titre "Three Days in May" dans lequel l'ex directeur du FMI en ressortirait plutôt épargné et la thèse du complot confirmée.

"Rien ne justifie que je sois devenu l'objet d'une traque médiatique qui, certains jours finit par ressembler à une chasse à l'homme"
DSK dans Le Point hier

C'est sûr qu'entre la présidence du FMI et la présidence possible de la république française, certaines personnes avaient intérrêt de s'attaquer à DSK.
Idem pour Julian Assange du site Wikileaks.

Dans les 2 cas, ça ne permet pas de trancher entre complot ou dérapage sexuel lié à un "abus de positiuon dominante", mais pour moi un doute par rapport à la première possibilité reste, compte tenu des enjeux.

"Les autorités [françaises] essaient de criminaliser le désir." titrait hier le New York Times, revenant sur l'affaire DSK. Et, en évoquant (avec envie ?) la "longue tradition française du libertinage"...