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Re: Vos poèmes préférés
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hippium- Messages : 1819
Date d'inscription : 01/08/2011
Age : 44
Re: Vos poèmes préférés
He Wishes For The Cloths Of Heaven
He Wishes for the Cloths of Heaven
Had I the heaven's embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.
William Butler Yeats
(1865-1939)
He Wishes for the Cloths of Heaven
Had I the heaven's embroidered cloths,
Enwrought with golden and silver light,
The blue and the dim and the dark cloths
Of night and light and the half-light,
I would spread the cloths under your feet:
But I, being poor, have only my dreams;
I have spread my dreams under your feet;
Tread softly because you tread on my dreams.
William Butler Yeats
(1865-1939)
hipnik- Messages : 1554
Date d'inscription : 01/08/2011
Franck Venaille
La descente de l'Escaut
L'eau Toute l'eau L'eau encore elle L'eau de
toujours suffira-t-elle cette eau à laver le
marcheur de ses fautes ? Dans un calme propre-
ment effrayant Le ciel et l'eau ne me dites pas
qu'ils vont s'absorber ! Que l'un et l'autre vont
copuler et, d'extase, se retourner, se vautrer, faire
pleuvoir ! Tout est si calme On n'entend que les
pas du marcheur à l'idée fixe : toute cette eau y
parviendra-t-elle ?
Du vaste paysage autrefois immergé s'
Élève une plainte dont nul ne connaît l'origine
Exprime-t-elle ce que les hommes nomment : la
Douleur ? Dit-elle ce, qu'à eux-mêmes, se cachent
Les peupliers serrés comme autant de frères au-
Tour de la dépouille du père Et qui geignent !
Disant l'angoisse ancestrale des pays plats
devant la montée de l'eau Ah ! Tous ces arbres
Dressés à l'intérieur même du fleuve Que je ne
sais pas voir mais dont je sens la solitude
Tels les grands crucifiés à l'angle des plaines !
Franck Venaille
La descente de l'Escaut, Obsidiane, 1995.
hipnik- Messages : 1554
Date d'inscription : 01/08/2011
Re: Vos poèmes préférés
Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur RIMBAUD (1854-1891)
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur RIMBAUD (1854-1891)
Re: Vos poèmes préférés
Au cabaret vert
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert: je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert: je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud
hippium- Messages : 1819
Date d'inscription : 01/08/2011
Age : 44
Re: Vos poèmes préférés
Tous les gens de mon âge ont dû apprendre ce poème cette récitation à l'école primaire...
Les écoliers
Sur la route couleur de sable
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
Ils ont dans leur plumier des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches, du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
– Mais l'innocence et la fraîcheur –
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur
Et de vraies fleurs pour la maîtresse.
Puis les voilà tous à s'asseoir
Dans l'école crépie de lune,
On les enferme jusqu'au soir
Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir !
Ça vous fait des gars de charrue
Qui fument, boivent le gros vin,
Puis des ménagères bourrues
Dosant le beurre et le levain.
Billevesées, coquecigrues,
Ils vous auront connues en vain
Dans leurs enfances disparues !
Maurice Fombeurre, Pendant que vous dormez, 1953.
Les écoliers
Sur la route couleur de sable
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
Ils ont dans leur plumier des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches, du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
– Mais l'innocence et la fraîcheur –
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur
Et de vraies fleurs pour la maîtresse.
Puis les voilà tous à s'asseoir
Dans l'école crépie de lune,
On les enferme jusqu'au soir
Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir !
Ça vous fait des gars de charrue
Qui fument, boivent le gros vin,
Puis des ménagères bourrues
Dosant le beurre et le levain.
Billevesées, coquecigrues,
Ils vous auront connues en vain
Dans leurs enfances disparues !
Maurice Fombeurre, Pendant que vous dormez, 1953.
neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Paul Fort
L'Amour marin
On les r’trouve en raccourci, dans nos p’tits amours d’un jour, toutes les joies, tous les soucis des amours qui durent toujours !
C’est là l’sort de la marine et de toutes nos p’tites chéries. On accoste. Vite ! un bec pour nos baisers, l’corps avec.
Et les joies et les bouderies, les fâcheries, les bons retours, il y a tout, en raccourci, des grands amours dans nos p’tits.
Tout c’ qu’on fait dans un seul jour ! et comme on allonge le temps ! Plus d’trois fois, dans un seul jour, content, pas content, content.
On a ri, on s’est baisés sur les neunœils, les nénés, dans les ch’veux à pleins bécots, pondus comme des œufs tout chauds.
On s’en est allé, l’matin, souffler les chandelles des prés. Ça fatigue une catin, ça n’y est pas habituée.
On s’est r’levé des bleuets, les joues rouges et l’cœur en joie, et l’on est r’tourné chez soi, après un si grand bonheur.
Peu à peu, le cœur en peine, on s’en est r’tourné chez elle, en effeuillant sur les blés une grande marguerite jaune.
La mer !... ah ! elle est là-bas, qui respire sur les épis, et mon bateau, que j’y vois, se balance sur les épis...
On arrive. — Avant d’entrer, on se r’garde, les bras ronds. Ça m’fait clic au fond d’mon fond : elle sort sa petite clef.
Le jour tombe, on reste là. On s’met au lit, c’est meilleur. On se r’lève pour faire pipi dans le joli pot à fleurs.
On allume la chandelle, on s’ montre dans toute sa beauté ! Vite, on se r’couche, on se r’lève, on s’étire, — c’est l’été.
Y a dans la chambre une odeur d’amour tendre et de goudron. Ça vous met la joie au cœur, la peine aussi, et c’est bon.
Et l’on garde la chandelle pour mieux s’voir et s’admirer. On se jure d’être fidèles. On s’écoute soupirer.
Et, tout à coup, v’là qu’on pleure, sans savoir pourquoi, mon Dieu ! et qu’on veut s’tuer tous les deux, et qu’on s’ravise, cœur à cœur.
Alors, on s’dit toute sa vie. Ça vous intéresse bien peu. Mais ça ne fait rien, on s’la dit. Et l’on croit qu’on s’comprend mieux.
On s’découvre des qualités, on s’connaît, on s’plaint, et puis, demain comme il faut s’quitter, on n’dit plus rien d’toute la nuit.
On n’est pas là pour causer... Mais on pense, même dans l’amour. On pense que d’main il fera jour, et qu’c’est une calamité.
C’est là l’sort de la marine, et de toutes nos p’tites chéries. On accoste. Mais on devine qu’ ça n’ sera pas le paradis.
On aura beau s’dépêcher, faire, bon Dieu ! la pige au temps, et l’bourrer de tous nos péchés, ça n’sera pas ça ; et pourtant
Toutes les joies, tous les soucis des amours qui durent toujours, on les r’trouve en raccourci dans nos p’tits amours d’un jour.
Mais la nuit se continue. Elle ronfle, la petite poupée, plus doucement, sur son bras nu, qu’une souris dans du blé.
Alors, quoi ! faut-y pas s’ plaindre, ah ! faut-y pas bougonner, de voir la chandelle s’éteindre en fondant sur la ch’minée.
On r’garde au mur quelque chose, qui grimpe jusqu’au plafond... Ah saleté !... c’est gris, c’est rose... V’là l’jour rose comme un cochon !
On pleure contre l’oreiller. Y en avait qu’un pour nous deux. Ça suffit !... on s’lève... adieu... On part sans la réveiller.
Mais c’qui est l’plus triste, au fond, c’est que, pour nous qui naviguent, les regrets sont aussi longs, des p’tits amours que des grands.
Et l’on s’demande, malheureux, quand on voulait s’tuer tous deux, rester là, s’éterniser, pourquoi qu’on s’est ravisé ?
Brassens a mis en musique quelques vers de ce poème sous le titre "La Marine".
On les r’trouve en raccourci, dans nos p’tits amours d’un jour, toutes les joies, tous les soucis des amours qui durent toujours !
C’est là l’sort de la marine et de toutes nos p’tites chéries. On accoste. Vite ! un bec pour nos baisers, l’corps avec.
Et les joies et les bouderies, les fâcheries, les bons retours, il y a tout, en raccourci, des grands amours dans nos p’tits.
Tout c’ qu’on fait dans un seul jour ! et comme on allonge le temps ! Plus d’trois fois, dans un seul jour, content, pas content, content.
On a ri, on s’est baisés sur les neunœils, les nénés, dans les ch’veux à pleins bécots, pondus comme des œufs tout chauds.
On s’en est allé, l’matin, souffler les chandelles des prés. Ça fatigue une catin, ça n’y est pas habituée.
On s’est r’levé des bleuets, les joues rouges et l’cœur en joie, et l’on est r’tourné chez soi, après un si grand bonheur.
Peu à peu, le cœur en peine, on s’en est r’tourné chez elle, en effeuillant sur les blés une grande marguerite jaune.
La mer !... ah ! elle est là-bas, qui respire sur les épis, et mon bateau, que j’y vois, se balance sur les épis...
On arrive. — Avant d’entrer, on se r’garde, les bras ronds. Ça m’fait clic au fond d’mon fond : elle sort sa petite clef.
Le jour tombe, on reste là. On s’met au lit, c’est meilleur. On se r’lève pour faire pipi dans le joli pot à fleurs.
On allume la chandelle, on s’ montre dans toute sa beauté ! Vite, on se r’couche, on se r’lève, on s’étire, — c’est l’été.
Y a dans la chambre une odeur d’amour tendre et de goudron. Ça vous met la joie au cœur, la peine aussi, et c’est bon.
Et l’on garde la chandelle pour mieux s’voir et s’admirer. On se jure d’être fidèles. On s’écoute soupirer.
Et, tout à coup, v’là qu’on pleure, sans savoir pourquoi, mon Dieu ! et qu’on veut s’tuer tous les deux, et qu’on s’ravise, cœur à cœur.
Alors, on s’dit toute sa vie. Ça vous intéresse bien peu. Mais ça ne fait rien, on s’la dit. Et l’on croit qu’on s’comprend mieux.
On s’découvre des qualités, on s’connaît, on s’plaint, et puis, demain comme il faut s’quitter, on n’dit plus rien d’toute la nuit.
On n’est pas là pour causer... Mais on pense, même dans l’amour. On pense que d’main il fera jour, et qu’c’est une calamité.
C’est là l’sort de la marine, et de toutes nos p’tites chéries. On accoste. Mais on devine qu’ ça n’ sera pas le paradis.
On aura beau s’dépêcher, faire, bon Dieu ! la pige au temps, et l’bourrer de tous nos péchés, ça n’sera pas ça ; et pourtant
Toutes les joies, tous les soucis des amours qui durent toujours, on les r’trouve en raccourci dans nos p’tits amours d’un jour.
Mais la nuit se continue. Elle ronfle, la petite poupée, plus doucement, sur son bras nu, qu’une souris dans du blé.
Alors, quoi ! faut-y pas s’ plaindre, ah ! faut-y pas bougonner, de voir la chandelle s’éteindre en fondant sur la ch’minée.
On r’garde au mur quelque chose, qui grimpe jusqu’au plafond... Ah saleté !... c’est gris, c’est rose... V’là l’jour rose comme un cochon !
On pleure contre l’oreiller. Y en avait qu’un pour nous deux. Ça suffit !... on s’lève... adieu... On part sans la réveiller.
Mais c’qui est l’plus triste, au fond, c’est que, pour nous qui naviguent, les regrets sont aussi longs, des p’tits amours que des grands.
Et l’on s’demande, malheureux, quand on voulait s’tuer tous deux, rester là, s’éterniser, pourquoi qu’on s’est ravisé ?
Brassens a mis en musique quelques vers de ce poème sous le titre "La Marine".
neo-codion- Messages : 1946
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