BD d'auteur : Frans Masereel
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BD d'auteur : Frans Masereel
Bonjour à toutes et tous,
Peu connu, un chef d'oeuvre de la BD sans texte,
La Ville de Frans Masereel,
entièrement réalisé en gravure sur bois.
Le film commence à 1 mn 16 :
(allez le voir en grand format sur YT : https://www.youtube.com/v/9rRvOCrk3Sg )
Peu connu, un chef d'oeuvre de la BD sans texte,
La Ville de Frans Masereel,
entièrement réalisé en gravure sur bois.
Le film commence à 1 mn 16 :
(allez le voir en grand format sur YT : https://www.youtube.com/v/9rRvOCrk3Sg )
NOTE DE LECTURE
La France s’est souvent fait un mérite de reconnaître à leur juste valeur des artistes ou des écrivains étrangers dédaignés dans leur propre pays, tel Edgar Allan Poe. Une fois n’est pas coutume, elle a laissé dans l’ombre le regard clairvoyant de Frans Masereel (1889-1972), célèbre notamment en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis. Ce maître incontesté de la gravure sur bois, émule de Vallotton, est issu de la bourgeoisie flamande francophile. Il échappe très vite à son éducation catholique et préfère la vue du monde aux visions de l’au-delà : la ville industrieuse de Gand sera son premier champ d’observations. Inspiré par le socialisme d’Eduard Anseele et l’anarchisme de Kropotkine, il observe, révolté, la lente procession des ouvriers vers l’usine qui les dévore. Mais, qu’il grave Gand, Paris ou Hambourg, la fascination esthétique se mêle toujours à l’horreur fraternelle. Son œil lucide n’est jamais troublé par les larmes artificielles du bon prêcheur. S’il s’engage contre l’exploitation sociale et la guerre (aux côtés de ses amis Romain Rolland et Stefan Zweig), c’est par le choix du sujet et non par l’adhésion aux dogmes. De toutes ses œuvres, La Ville, publiée pour la première fois en 1925, condense à la perfection le sens de son art. Il faut donc saluer la superbe réédition en grand format entreprise par les Editions Cent Pages. La Ville, c’est Paris, mais c’est aussi l’ensemble de la civilisation urbaine des années folles. La gravure sur bois, vigoureuse et propice aux contrastes, fait saillir la force brute de l’usine, le tumulte des foules anonymes, le supplice monotone des employés de bureaux, les cris de colère des manifestants, la ruée vers les plaisirs nocturnes. Dans ce pandémonium, qui évoque les décors dantesques de Métropolis (Fritz Lang), la vie humaine semble perdre toute orientation, aspirée par un monstre de pierre et d’acier. Quelques scènes d’intérieur scandent les vues de foules : une veillée funèbre, un frugal repas en famille, des amours ancillaires, ou une pendaison accroissent encore l’impression de tumulte. La sphère privée, loin de former un rempart contre le monde assourdissant de la Ville, n’en est qu’une excroissance : l’intimité est affaire d’échelle. Mais ce kaléidoscope urbain ne conduit pas au désespoir, c’est aussi un livre de vie : il s’ouvre et se ferme sur deux scènes de contemplation. Dans la première gravure, un homme assis sur une colline voit au loin les fumées d’usine, à l’abri de la tempête urbaine. Dans la dernière, une femme à sa fenêtre regarde le ciel étoilé, quand la ville dort. Au sein de l’enfer réside le silence des passions.
Par Rudy Le Menthéour
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
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