Florilège :
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Florilège :
Entre moi
J'entre chez moi. Je suis assis à mon bureau. Je me salue mutuellement.
"Tiens, me dis-je, je pensais justement à moi !"
Je m'invite à m'asseoir. Je m'assieds. Je m'inquiète de ma santé (il me faut, envers moi être poli, surtout si je me dois quelque chose demander).
"Merci, me dis-je, je vais bien ; et moi, comment vais-je ?
- Je crois me bien porter, merci" m'assuré-je.
Sur ce, je m'expose le but de ma visite :
"Je suis venu m'emprunter mes Mémoires, afin de, me relisant, m'en instruire. J'espère que cela ne me dérange pas ? Sinon je reviendrai plus tard…
- Certes non, me réponds-je aussitôt, je viens justement de les achever…"
Je me remercie, et m'apprête à me quitter.
"Ne puis-je rester un instant ? Je m'invite à prendre le café."
Je ne saurais évidemment me refuser cette pause, d'autant plus qu'à cette heure, parfois, je m'ennuie…
Je me carre dans mon fauteuil pendant qu'avec mon habileté (ô combien) personnelle j'officie.
Me regardant faire, j'entame et laisse rouler une fort intéressante conversation où, je crois, je parle de moi et m'en dis le plus grand bien.
Mouss
J'entre chez moi. Je suis assis à mon bureau. Je me salue mutuellement.
"Tiens, me dis-je, je pensais justement à moi !"
Je m'invite à m'asseoir. Je m'assieds. Je m'inquiète de ma santé (il me faut, envers moi être poli, surtout si je me dois quelque chose demander).
"Merci, me dis-je, je vais bien ; et moi, comment vais-je ?
- Je crois me bien porter, merci" m'assuré-je.
Sur ce, je m'expose le but de ma visite :
"Je suis venu m'emprunter mes Mémoires, afin de, me relisant, m'en instruire. J'espère que cela ne me dérange pas ? Sinon je reviendrai plus tard…
- Certes non, me réponds-je aussitôt, je viens justement de les achever…"
Je me remercie, et m'apprête à me quitter.
"Ne puis-je rester un instant ? Je m'invite à prendre le café."
Je ne saurais évidemment me refuser cette pause, d'autant plus qu'à cette heure, parfois, je m'ennuie…
Je me carre dans mon fauteuil pendant qu'avec mon habileté (ô combien) personnelle j'officie.
Me regardant faire, j'entame et laisse rouler une fort intéressante conversation où, je crois, je parle de moi et m'en dis le plus grand bien.
Mouss
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
Les travaux de Sisyphe
La nuit est un grand espace cubique. Résistant. Extrêmement résistant. Entassement de murs et en tous sens, qui vous limitent, qui veulent vous limiter. Ce qu'il ne faut pas accepter.
Moi, je n'en sors pas. Que d'obstacles pourtant j'ai déjà renversés.
Que de murs bousculés. Mais il en reste. Oh! pour ça, il en reste. En ce moment, je fais surtout la guerre des plafonds.
Les voûtes dures qui se forment au-dessus de moi, car il s'en présente, je les martèle, je les pilonne, je les fais sauter, éclater, crever, il s'en trouve toujours d'autres par derrière. De mon énorme marteau jamais fatigué, je leur assène des coups à assommer un mammouth s'il s'en trouvait encore un... et là. Mais il ne s'y rencontre que voûtes, voûtes têtues, cependant qu'il faut qu'elles se brisent et s'abattent. Il s'agit ensuite de désencombrer ce lieu conquis des débris qui masquent ce qui vient au delà, que je ne devine d'ailleurs que trop, car il m'est évident qu'il y a encore une voûte plus loin, plus haut, qu'il faudra abattre aussi.
Ce qui est dur sous moi, ne me gêne pas moins, obstacle que je ne puis, que je ne dois supporter, matière du même immense bloc détesté où j'ai été mis à vivre.
A coups de pic, je l'éventre, puis j'éventre le suivant.
De cave en cave, je descends toujours, crevant les voûtes, arrachant les étais.
Je descends imperturbable, infatigué par la découverte de caves sans fin dont il y a un nombre que depuis longtemps j'ai cessé de compter, je creuse, je creuse toujours jusqu'à ce que, un travail immense fait, je sois obligé de remonter pour me rendre compte de la direction suivie, car on finit par creuser en colimaçon. Mais arrivé là-haut, je suis pressé de redescendre, appelé par l'immensité des réduits à défoncer qui m'attendent. Je descends sans faire attention à rien, en enjambées de géant, je descends des marches comme celles des siècles - et enfin, au-delà des marches, je me précipite dans le gouffre de mes fouilles, plus vite, plus vite, plus désordonnément, jusqu'à butter sur l'obstacle final, momentanément final, et je me remets à déblayer avec une fureur nouvelle, à déblayer, à déblayer, creusant dans la masse des murs qui n'en finissent pas et qui m'empêchent de partir du bon pied.
Mais la situation un jour, se présentera différente, peut-être.
Henri Michaux
La nuit est un grand espace cubique. Résistant. Extrêmement résistant. Entassement de murs et en tous sens, qui vous limitent, qui veulent vous limiter. Ce qu'il ne faut pas accepter.
Moi, je n'en sors pas. Que d'obstacles pourtant j'ai déjà renversés.
Que de murs bousculés. Mais il en reste. Oh! pour ça, il en reste. En ce moment, je fais surtout la guerre des plafonds.
Les voûtes dures qui se forment au-dessus de moi, car il s'en présente, je les martèle, je les pilonne, je les fais sauter, éclater, crever, il s'en trouve toujours d'autres par derrière. De mon énorme marteau jamais fatigué, je leur assène des coups à assommer un mammouth s'il s'en trouvait encore un... et là. Mais il ne s'y rencontre que voûtes, voûtes têtues, cependant qu'il faut qu'elles se brisent et s'abattent. Il s'agit ensuite de désencombrer ce lieu conquis des débris qui masquent ce qui vient au delà, que je ne devine d'ailleurs que trop, car il m'est évident qu'il y a encore une voûte plus loin, plus haut, qu'il faudra abattre aussi.
Ce qui est dur sous moi, ne me gêne pas moins, obstacle que je ne puis, que je ne dois supporter, matière du même immense bloc détesté où j'ai été mis à vivre.
A coups de pic, je l'éventre, puis j'éventre le suivant.
De cave en cave, je descends toujours, crevant les voûtes, arrachant les étais.
Je descends imperturbable, infatigué par la découverte de caves sans fin dont il y a un nombre que depuis longtemps j'ai cessé de compter, je creuse, je creuse toujours jusqu'à ce que, un travail immense fait, je sois obligé de remonter pour me rendre compte de la direction suivie, car on finit par creuser en colimaçon. Mais arrivé là-haut, je suis pressé de redescendre, appelé par l'immensité des réduits à défoncer qui m'attendent. Je descends sans faire attention à rien, en enjambées de géant, je descends des marches comme celles des siècles - et enfin, au-delà des marches, je me précipite dans le gouffre de mes fouilles, plus vite, plus vite, plus désordonnément, jusqu'à butter sur l'obstacle final, momentanément final, et je me remets à déblayer avec une fureur nouvelle, à déblayer, à déblayer, creusant dans la masse des murs qui n'en finissent pas et qui m'empêchent de partir du bon pied.
Mais la situation un jour, se présentera différente, peut-être.
Henri Michaux
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
Le moraliste
Le moraliste passe son temps à vider de l'eau sale d'une casserole dans une autre. Il parvient parfois à faire un peu de vaisselle, avec son petit balai crasseux.
D'une vieille malle dans un coin de grenier il sort des oripeaux malpropres, les remue, les secoue, les rejette et se relève tout rouge, courbaturé, perlant, empoussiéré.
Il transvase à grand-peine. Le fait sans précaution, généralement tache tout.
Sortant de là, j'ai chaud, mes vêtements ont de mauvais plis, il colle après moi toutes sortes de saletés. Je vais prendre un bain.
Par exemple, après Pascal, j'aime bien sortir, surtout si c'est la nuit, et me diriger du côté de l'entrée du monde, avec du papier et un crayon.
Francis Ponge
Le moraliste passe son temps à vider de l'eau sale d'une casserole dans une autre. Il parvient parfois à faire un peu de vaisselle, avec son petit balai crasseux.
D'une vieille malle dans un coin de grenier il sort des oripeaux malpropres, les remue, les secoue, les rejette et se relève tout rouge, courbaturé, perlant, empoussiéré.
Il transvase à grand-peine. Le fait sans précaution, généralement tache tout.
Sortant de là, j'ai chaud, mes vêtements ont de mauvais plis, il colle après moi toutes sortes de saletés. Je vais prendre un bain.
Par exemple, après Pascal, j'aime bien sortir, surtout si c'est la nuit, et me diriger du côté de l'entrée du monde, avec du papier et un crayon.
Francis Ponge
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
La maison. Avec l'arbre et le soleil, le premier et le plus fréquent des dessins que font les petits enfants. Avec aussi, la table, le lit, le foyer. Les murs extérieurs et le toit nous protègent et empêchent que nous nous dissolvions dans la vastitude terrestre; et les murs intérieurs, dans la mesure où ils permettent l'isolement, instaurent des rites, des rapports stables entre les lieux et les activités, réservant la salle à manger pour les repas et interdisant que nous enfantions nos fils sur la nappe du déjeuner. Par les portes, nous avons accès au reste de l'Univers, ou nous nous en excluons; par-delà les fenêtres, nous le contemplons. Des hommes en bande composent une horde, une armée, un campement, une expédition, quelque chose toujours d'errant ou de nostalgique; des maisons assemblées composent une ville - une borne, un lieu, un point fixe - d'où partent des voies, vers où convergent des routes et des ambitions, qui stagne ou se développe selon son dynamisme propre, sera détruite peut-être, ensevelie, et cependant ne cessera de resplendir du fond des ténèbres en silence sous la terre par la seule magie de son nom.
Osman Lins
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
Le patient ouvrier
Des camions grossiers ébranlent la vitre sale du petit jour.
Mal assis, Fabre, à l'estaminet, bouge sous la table des souliers crottés la veille. L'acier de son couteau, attaqué par la pomme de terre bouillie, il le frotte avec un morceau de pain, qu'il mange ensuite. Il boit un vin dont la saveur affreuse hérisse les papilles de la bouche, puis le paye au patron qui a trinqué.
A sept heures ce quartier a l'air d'une cour de service. Il pleut.
Fabre pense à son wagonnet qui a passé la nuit dehors, renversé près d'un tas de sable, et qu'il relèvera brutalement, grinçant, décoloré, dans le brouillard, pour d'autres charges.
Lui est encore là, à l'abri, avec, dans une poche de sa vareuse, un carnet, un gros crayon, et le papier de la caisse des retraites.
Francis Ponge
Des camions grossiers ébranlent la vitre sale du petit jour.
Mal assis, Fabre, à l'estaminet, bouge sous la table des souliers crottés la veille. L'acier de son couteau, attaqué par la pomme de terre bouillie, il le frotte avec un morceau de pain, qu'il mange ensuite. Il boit un vin dont la saveur affreuse hérisse les papilles de la bouche, puis le paye au patron qui a trinqué.
A sept heures ce quartier a l'air d'une cour de service. Il pleut.
Fabre pense à son wagonnet qui a passé la nuit dehors, renversé près d'un tas de sable, et qu'il relèvera brutalement, grinçant, décoloré, dans le brouillard, pour d'autres charges.
Lui est encore là, à l'abri, avec, dans une poche de sa vareuse, un carnet, un gros crayon, et le papier de la caisse des retraites.
Francis Ponge
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
A chat perché
Je ne peux m'expliquer rien au monde que d'une seule façon : par le désespoir. Dans ce monde que je ne comprends pas, dont je ne peux rien admettre, où je ne peux rien désirer (nous sommes trop loin de compte), je suis obligé par surcroît à une certaine tenue, à peu près n'importe laquelle, mais une tenue. Mais alors si je suppose à tout le monde le même handicap, la tenue incompréhensible de tout ce monde s'explique : par le hasard des poses où vous force le désespoir.
Exactement comme au jeu du chat perché. Sur un seul pied, sur n'importe quoi, mais pas à terre: il faut être perché, même en équilibre instable, lorsque le chasseur passe. Faute de quoi il vous touche : c'est alors la mort ou la folie.
Ou comme quelqu'un surpris fait n'importe quel geste: voilà à tout moment votre sort. Il faut à tout moment répondre quelque chose alors qu'on ne comprend rien à rien; décider n'importe quoi, alors qu'on ne compte sur rien; agir, sans aucune confiance. Point de répit. Il faut "n'avoir l'air de rien", être perché. Et cela dure ! Quand on n'a plus envie de jouer, ce n'est pas drôle. Mais alors tout s'explique: le caractère idiot, saugrenu, de tout au monde : même les tramways, l'école de Saint-Cyr, et plusieurs autres institutions. Quelque chose s'est changé, s'est figé en cela, subitement, au hasard, pourchassé par le désespoir. Oh ! s'il suffisait de s'allonger par terre, pour dormir, pour mourir. Si l'on pouvait se refuser à toute contenance ! Mais le passage du chasseur est irrésistible : il faut, quoiqu'on ne sache pas à quelle force l'on obéit, il faut se lever, sauter dans une niche, prendre des postures idiotes.
... Mais il est peut-être une pose possible qui consiste à dénoncer à chaque instant cette tyrannie: je ne rebondirai jamais que dans la pose du révolutionnaire ou du poète.
Francis Ponge
Je ne peux m'expliquer rien au monde que d'une seule façon : par le désespoir. Dans ce monde que je ne comprends pas, dont je ne peux rien admettre, où je ne peux rien désirer (nous sommes trop loin de compte), je suis obligé par surcroît à une certaine tenue, à peu près n'importe laquelle, mais une tenue. Mais alors si je suppose à tout le monde le même handicap, la tenue incompréhensible de tout ce monde s'explique : par le hasard des poses où vous force le désespoir.
Exactement comme au jeu du chat perché. Sur un seul pied, sur n'importe quoi, mais pas à terre: il faut être perché, même en équilibre instable, lorsque le chasseur passe. Faute de quoi il vous touche : c'est alors la mort ou la folie.
Ou comme quelqu'un surpris fait n'importe quel geste: voilà à tout moment votre sort. Il faut à tout moment répondre quelque chose alors qu'on ne comprend rien à rien; décider n'importe quoi, alors qu'on ne compte sur rien; agir, sans aucune confiance. Point de répit. Il faut "n'avoir l'air de rien", être perché. Et cela dure ! Quand on n'a plus envie de jouer, ce n'est pas drôle. Mais alors tout s'explique: le caractère idiot, saugrenu, de tout au monde : même les tramways, l'école de Saint-Cyr, et plusieurs autres institutions. Quelque chose s'est changé, s'est figé en cela, subitement, au hasard, pourchassé par le désespoir. Oh ! s'il suffisait de s'allonger par terre, pour dormir, pour mourir. Si l'on pouvait se refuser à toute contenance ! Mais le passage du chasseur est irrésistible : il faut, quoiqu'on ne sache pas à quelle force l'on obéit, il faut se lever, sauter dans une niche, prendre des postures idiotes.
... Mais il est peut-être une pose possible qui consiste à dénoncer à chaque instant cette tyrannie: je ne rebondirai jamais que dans la pose du révolutionnaire ou du poète.
Francis Ponge
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
La serviette-éponge
Chère serviette-éponge, ta poésie ne m'est pas plus cachée que celle de tout autre objet aussi habituel ou plus rare.
Il y a longtemps que j'ai fait le projet de m'occuper de toi, sans doute parce que je m'en veux de me servir quotidiennement de toi, quasi machinalement et sans y prendre garde, puis de te rejeter ou de te laisser retomber sur ton support comme si tu ne m'étais de rien.
Il me faut aujourd'hui réparer cette injustice.
Lorsque je te saisis sur ton support, chère serviette-éponge, bien sèche et bien rugueuse, et longue et large juste assez, sans être trop lourde ni encombrante, pour que je sois sûr de perdre, par un contact énergique avec toi, toute l'eau ou l'humidité qui m'embarrasse sans te laisser pourtant trop gorgée et pantelante toi-même pour que je ne te retrouve bonne à servir au même emploi après le repos de quelques heures que mes occupations par ailleurs t'accordent, c'est un plaisir pour moi que le contact de ton tissu familier.
Nul doute que je sois fier de posséder une ou plusieurs serviettes-éponges, comme certains sont fiers de leur caniche immaculé ou de leur troupeau de moutons frisés.
Je te manifeste d'ailleurs aussitôt ma satisfaction par mille poignées de mains, des deux mains, par un pétrissage familier dont je sors les mains si parfaitement plus nettes, plus lisses et plus chaleureusement irriguées.
Elle m'attend toute la journée à la maison, avec les autres meubles. Mais ce n'est qu'une simple serviette-éponge. C'est mon amie.
C'est elle qui me prend les mains la première, le soir, lorsque je rentre, après quelques minutes sous le robinet.
Francis Ponge
Chère serviette-éponge, ta poésie ne m'est pas plus cachée que celle de tout autre objet aussi habituel ou plus rare.
Il y a longtemps que j'ai fait le projet de m'occuper de toi, sans doute parce que je m'en veux de me servir quotidiennement de toi, quasi machinalement et sans y prendre garde, puis de te rejeter ou de te laisser retomber sur ton support comme si tu ne m'étais de rien.
Il me faut aujourd'hui réparer cette injustice.
Lorsque je te saisis sur ton support, chère serviette-éponge, bien sèche et bien rugueuse, et longue et large juste assez, sans être trop lourde ni encombrante, pour que je sois sûr de perdre, par un contact énergique avec toi, toute l'eau ou l'humidité qui m'embarrasse sans te laisser pourtant trop gorgée et pantelante toi-même pour que je ne te retrouve bonne à servir au même emploi après le repos de quelques heures que mes occupations par ailleurs t'accordent, c'est un plaisir pour moi que le contact de ton tissu familier.
Nul doute que je sois fier de posséder une ou plusieurs serviettes-éponges, comme certains sont fiers de leur caniche immaculé ou de leur troupeau de moutons frisés.
Je te manifeste d'ailleurs aussitôt ma satisfaction par mille poignées de mains, des deux mains, par un pétrissage familier dont je sors les mains si parfaitement plus nettes, plus lisses et plus chaleureusement irriguées.
Elle m'attend toute la journée à la maison, avec les autres meubles. Mais ce n'est qu'une simple serviette-éponge. C'est mon amie.
C'est elle qui me prend les mains la première, le soir, lorsque je rentre, après quelques minutes sous le robinet.
Francis Ponge
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
Protoxyde d'azote
Un chimiste avait pris peu à peu l'habitude de respirer chaque jour une petite quantité de protoxyde d'azote (gaz hilarant). Au début, la saveur douce de ce gaz lui fut très désagréable mais il s'y habitua avec le temps. Afin de pouvoir en respirer plus facilement à n'importe quel moment, il adapta à son réservoir un appareil qui lui permettait d'en respirer à volonté une petite bouffée. Cela entretenait chez lui une ivresse permanente, source pour lui des impressions les plus agréables. Il faisait les rêves les plus beaux. Il voyait de merveilleuses contrées, des formes et des paysages ravissants. Le jeune homme commença à négliger les devoirs de sa profession, sans avoir cependant l'énergie de renoncer à son plaisir. Il devint fou et on le confia finalement à une maison de santé.
Louis Lewin
Un chimiste avait pris peu à peu l'habitude de respirer chaque jour une petite quantité de protoxyde d'azote (gaz hilarant). Au début, la saveur douce de ce gaz lui fut très désagréable mais il s'y habitua avec le temps. Afin de pouvoir en respirer plus facilement à n'importe quel moment, il adapta à son réservoir un appareil qui lui permettait d'en respirer à volonté une petite bouffée. Cela entretenait chez lui une ivresse permanente, source pour lui des impressions les plus agréables. Il faisait les rêves les plus beaux. Il voyait de merveilleuses contrées, des formes et des paysages ravissants. Le jeune homme commença à négliger les devoirs de sa profession, sans avoir cependant l'énergie de renoncer à son plaisir. Il devint fou et on le confia finalement à une maison de santé.
Louis Lewin
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Re: Florilège :
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
D'où sort cette chanson lointaine
D'une péniche mal ancrée
Ou du métro Samaritaine
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Sans chien sans canne sans pancarte
Pitié pour les désespérés
Devant qui la foule s'écarte
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
L'ancienne image de moi-même
Qui n'avait d'yeux que pour pleurer
De bouche que pour le blasphème
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Cette pitoyable apparence
Ce mendiant accaparé
Du seul souci de sa souffrance
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Fumée aujourd'hui comme alors
Celui que je fus à l'orée
Celui que je fus à l'aurore
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Semblance d'avant que je naisse
Cet enfant toujours effaré
Le fantôme de ma jeunesse
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Vingt ans l'empire des mensonges
L'espace d'un miséréré
Ce gamin qui n'était que songes
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Ce jeune homme et ses bras déserts
Ses lèvres de vent dévorées
Disant les airs qui le grisèrent
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Baladin du ciel et du cœur
Son front pur et ses goûts outrés
Dans le cri noir des remorqueurs
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Le joueur qui brûla son âme
Comme une colombe égarée
Entre les tours de Notre-Dame
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Ce spectre de moi qui commence
La ville à l'aval est dorée
A l'amont se meurt la romance
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Ce pauvre petit mon pareil
Il m'a sur la Seine montré
Au loin des taches de soleil
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Mon autre au loin ma mascarade
Et dans le jour décoloré
Il m'a dit tout bas Camarade
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Mon double ignorant et crédule
Et je suis longtemps demeuré
Dans ma propre ombre qui recule
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Assis à l'usure des pierres
Le refrain que j'ai murmuré
Le rêve qui fut ma lumière
Aveugle aveugle rencontré
Passant avec tes regards veufs
Ô mon passé désemparé
Sur le Pont Neuf
Louis Aragon
D'où sort cette chanson lointaine
D'une péniche mal ancrée
Ou du métro Samaritaine
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Sans chien sans canne sans pancarte
Pitié pour les désespérés
Devant qui la foule s'écarte
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
L'ancienne image de moi-même
Qui n'avait d'yeux que pour pleurer
De bouche que pour le blasphème
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Cette pitoyable apparence
Ce mendiant accaparé
Du seul souci de sa souffrance
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Fumée aujourd'hui comme alors
Celui que je fus à l'orée
Celui que je fus à l'aurore
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Semblance d'avant que je naisse
Cet enfant toujours effaré
Le fantôme de ma jeunesse
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Vingt ans l'empire des mensonges
L'espace d'un miséréré
Ce gamin qui n'était que songes
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Ce jeune homme et ses bras déserts
Ses lèvres de vent dévorées
Disant les airs qui le grisèrent
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Baladin du ciel et du cœur
Son front pur et ses goûts outrés
Dans le cri noir des remorqueurs
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Le joueur qui brûla son âme
Comme une colombe égarée
Entre les tours de Notre-Dame
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Ce spectre de moi qui commence
La ville à l'aval est dorée
A l'amont se meurt la romance
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Ce pauvre petit mon pareil
Il m'a sur la Seine montré
Au loin des taches de soleil
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Mon autre au loin ma mascarade
Et dans le jour décoloré
Il m'a dit tout bas Camarade
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Mon double ignorant et crédule
Et je suis longtemps demeuré
Dans ma propre ombre qui recule
Sur le Pont Neuf j'ai rencontré
Assis à l'usure des pierres
Le refrain que j'ai murmuré
Le rêve qui fut ma lumière
Aveugle aveugle rencontré
Passant avec tes regards veufs
Ô mon passé désemparé
Sur le Pont Neuf
Louis Aragon
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Baudelaire
Symptômes de ruines. Bâtiments immenses, pélasgiens, l'un sur l'autre. Des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des caecum, des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. Fissures, lézardes. Humidité provenant d'un réservoir situé près du ciel. Comment avertir les gens, les nations ? Avertissons à l'oreille les plus intelligents.
Tout en haut une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n'a encore croulé. Je ne peux retrouver l'issue. Je descends puis je remonte. Une tour. Labyrinthe. Je n'ai jamais pu sortir. J'habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. Je calcule en moi-même, pour m'amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, de marbres, de statues, de murs qui vont se choquer réciproquement, seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d'ossements concassés. Je vois de si terribles choses en rêve, que je voulais, quelquefois ne plus dormir, si j'étais sûr de n'avoir pas trop de fatigue.
Charles Baudelaire.
Tout en haut une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n'a encore croulé. Je ne peux retrouver l'issue. Je descends puis je remonte. Une tour. Labyrinthe. Je n'ai jamais pu sortir. J'habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. Je calcule en moi-même, pour m'amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, de marbres, de statues, de murs qui vont se choquer réciproquement, seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d'ossements concassés. Je vois de si terribles choses en rêve, que je voulais, quelquefois ne plus dormir, si j'étais sûr de n'avoir pas trop de fatigue.
Charles Baudelaire.
Eon- Messages : 490
Date d'inscription : 06/08/2011
Ponchon
Je hais les tours de Saint-Sulpice
Quand je les rencontre
Je pisse
Contre
Raoul Ponchon (1848-1937)
La Muse Au Cabaret (Fasquelle-1920)
Quand je les rencontre
Je pisse
Contre
Raoul Ponchon (1848-1937)
La Muse Au Cabaret (Fasquelle-1920)
neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Re: Florilège :
"Nuit horrible derrière laquelle il y a
le jour"
Victor Hugo Les Misérables
le jour"
Victor Hugo Les Misérables
patchoune- Messages : 188
Date d'inscription : 22/09/2011
Baudelaire
Avis aux non-communistes : tout est commun, même Dieu.
Mon coeur mis à nu
Mon coeur mis à nu
hipnik- Messages : 1554
Date d'inscription : 01/08/2011
Georges Brassens
L'actuelle célébration dégoulinante du trentenaire de la mort de Brassens a quand même quelque chose d'inconvenant quand on sait ce qu'il a pu subir de son vivant !
Les amours d'antan
Moi, mes amours d'antan c'était de la grisette
Margot, la blanche caille, et Fanchon, la cousette...
Pas la moindre noblesse, excusez-moi du peu,
C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière...
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...
Car le coeur à vingt ans se pose où l'oeil se pose,
Le premier cotillon venu vous en impose,
La plus humble bergère est un morceau de roi.
Ça manquait de marquise, on connut la soubrette,
Faute de fleur de lys on eut la pâquerette,
Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois...
On rencontrait la belle aux Puces, le dimanche :
"Je te plais, tu me plais..." et c'était dans la manche,
Et les grands sentiments n'étaient pas de rigueur.
"Je te plais, tu me plais. Viens donc beau militaire"
Dans un train de banlieue on partait pour Cythère,
On n'était pas tenu même d'apporter son coeur...
Mimi, de prime abord, payait guère de mine,
Chez son fourreur sans doute on ignorait l'hermine,
Son habit sortait point de l'atelier d'un dieu...
Mais quand, par-dessus le moulin de la Galette,
Elle jetait pour vous sa parure simplette,
C'est Psyché tout entier' qui vous sautait aux yeux.
Au second rendez-vous y' avait parfois personne,
Elle avait fait faux bond, la petite amazone,
Mais l'on ne courait pas se pendre pour autant...
La marguerite commence avec Suzette,
On finissait de l'effeuiller avec Lisette
Et l'amour y trouvait quand même son content.
C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière,
Mais c'étaient mes amours, excusez-moi du peu,
Des Manon, des Mimi, des Suzon, des Musette,
Margot la blanche caille, et Fanchon, la cousette,
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...
Paroles et Musique: Georges Brassens 1962 ©
Les amours d'antan
Moi, mes amours d'antan c'était de la grisette
Margot, la blanche caille, et Fanchon, la cousette...
Pas la moindre noblesse, excusez-moi du peu,
C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière...
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...
Car le coeur à vingt ans se pose où l'oeil se pose,
Le premier cotillon venu vous en impose,
La plus humble bergère est un morceau de roi.
Ça manquait de marquise, on connut la soubrette,
Faute de fleur de lys on eut la pâquerette,
Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois...
On rencontrait la belle aux Puces, le dimanche :
"Je te plais, tu me plais..." et c'était dans la manche,
Et les grands sentiments n'étaient pas de rigueur.
"Je te plais, tu me plais. Viens donc beau militaire"
Dans un train de banlieue on partait pour Cythère,
On n'était pas tenu même d'apporter son coeur...
Mimi, de prime abord, payait guère de mine,
Chez son fourreur sans doute on ignorait l'hermine,
Son habit sortait point de l'atelier d'un dieu...
Mais quand, par-dessus le moulin de la Galette,
Elle jetait pour vous sa parure simplette,
C'est Psyché tout entier' qui vous sautait aux yeux.
Au second rendez-vous y' avait parfois personne,
Elle avait fait faux bond, la petite amazone,
Mais l'on ne courait pas se pendre pour autant...
La marguerite commence avec Suzette,
On finissait de l'effeuiller avec Lisette
Et l'amour y trouvait quand même son content.
C'étaient, me direz-vous, des grâces roturières,
Des nymphes de ruisseau, des Vénus de barrière,
Mais c'étaient mes amours, excusez-moi du peu,
Des Manon, des Mimi, des Suzon, des Musette,
Margot la blanche caille, et Fanchon, la cousette,
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...
Paroles et Musique: Georges Brassens 1962 ©
Dr_Natural- Messages : 1663
Date d'inscription : 02/08/2011
Les passantes
Le magnifique poème d'Antoine Pol mis en musique par Brassens, l'une de ses plus belles chansons
LES PASSANTES
Poème de Antoine Pol
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
on songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
LES PASSANTES
Poème de Antoine Pol
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
on songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
Dr_Natural- Messages : 1663
Date d'inscription : 02/08/2011
Paul Fort
Et encore un poète, trop oublié aujourd'hui, le Prince des Poètes en son temps, mis en musique par Brassens
LA MARINE
poème de Paul Fort
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour
Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours
C'est là l'sort de la marine
Et de toutes nos p'tites chéries
On accoste. Vite ! un bec
Pour nos baisers, l'corps avec
Et les joies et les bouderies
Les fâcheries, les bons retours
Il y a tout, en raccourci
Des grandes amours dans nos p'tits
On a ri, on s'est baisés
Sur les neunœils, les nénés
Dans les ch'veux à plein bécots
Pondus comme des œufs tout chauds
Tout c'qu'on fait dans un seul jour!
Et comme on allonge le temps!
Plus d'trois fois, dans un seul jour
Content, pas content, content
Y a dans la chambre une odeur
D'amour tendre et de goudron
Ça vous met la joie au cœur
La peine aussi, et c'est bon
On n'est pas là pour causer
Mais on pense, même dans l'amour
On pense que d'main il fera jour
Et qu'c'est une calamité
C'est là l'sort de la marine
Et de toutes nos p'tites chéries
On s'accoste. Mais on devine
Qu'ça n'sera pas le paradis
On aura beau s'dépêcher
Faire, bon Dieu ! la pige au temps
Et l'bourrer de tous nos péchés
Ça n'sera pas ça ; et pourtant
Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours !
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour...
LA MARINE
poème de Paul Fort
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour
Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours
C'est là l'sort de la marine
Et de toutes nos p'tites chéries
On accoste. Vite ! un bec
Pour nos baisers, l'corps avec
Et les joies et les bouderies
Les fâcheries, les bons retours
Il y a tout, en raccourci
Des grandes amours dans nos p'tits
On a ri, on s'est baisés
Sur les neunœils, les nénés
Dans les ch'veux à plein bécots
Pondus comme des œufs tout chauds
Tout c'qu'on fait dans un seul jour!
Et comme on allonge le temps!
Plus d'trois fois, dans un seul jour
Content, pas content, content
Y a dans la chambre une odeur
D'amour tendre et de goudron
Ça vous met la joie au cœur
La peine aussi, et c'est bon
On n'est pas là pour causer
Mais on pense, même dans l'amour
On pense que d'main il fera jour
Et qu'c'est une calamité
C'est là l'sort de la marine
Et de toutes nos p'tites chéries
On s'accoste. Mais on devine
Qu'ça n'sera pas le paradis
On aura beau s'dépêcher
Faire, bon Dieu ! la pige au temps
Et l'bourrer de tous nos péchés
Ça n'sera pas ça ; et pourtant
Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours !
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour...
Dr_Natural- Messages : 1663
Date d'inscription : 02/08/2011
Céline
"J'ai pas d'idées, moi ! aucune ! et je trouve rien de plus vulgaire, de plus commun, de plus dégoûtant que les idées ! Les bibliothèques en sont pleines ! et les terrasses de café ! tous les impuissants regorgent d'idées ! "
L.F. Céline
L.F. Céline
zazoue- Messages : 213
Date d'inscription : 01/08/2011
Age : 30
Localisation : Fontainebleau
Re: Florilège :
Whaaaaa! c'est la chanson de Brassens que je préfère.
Je vais essayé de la trouver sur Youtube. Merci!
Je vais essayé de la trouver sur Youtube. Merci!
Lovie- Messages : 198
Date d'inscription : 21/11/2011
Re: Florilège :
A l'occasion de récents évènements, j'ai retrouvé cette phrase de Céline :
"Les peuples idolâtrent la merde, que ce soit en musique, en peinture, en phrases, à la guerre ou sur les tréteaux. L'imposture est la déesse des foules."
"Les peuples idolâtrent la merde, que ce soit en musique, en peinture, en phrases, à la guerre ou sur les tréteaux. L'imposture est la déesse des foules."
mimi pinçon- Messages : 1127
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: Florilège :
Et pour les autres aussi, bien sûr !
mimi pinçon- Messages : 1127
Date d'inscription : 18/11/2011
Merci Mimi Pinçon!
Merci Mimi Pinçon! Euh...Oh! Oh! Je pensais "aux passantes"
mais ça m'a fait un grand plaisir... Merci encore
mais ça m'a fait un grand plaisir... Merci encore
Lovie- Messages : 198
Date d'inscription : 21/11/2011
Les passantes
Moi aussi, c'est la chanson de Brassens que je préfère.
oiseaulys- Messages : 356
Date d'inscription : 01/08/2011
Wha! Merci Oiseaulys...
C'est gentil, c'est trop gentil ...
Lovie- Messages : 198
Date d'inscription : 21/11/2011
Re: Florilège :
Magnifique musique (pour ceux qui disaient que Brassens était un piètre musicien !) sur ce poème d'Antoine Pol qui aurait sans doute été oublié sans Brassens.
Mr_Nostalgia- Admin
- Messages : 309
Date d'inscription : 01/08/2011
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