Hésitation, envie de partir...

Bonjour à tous!
Je viens de m'inscrire sur ce fofo justement parce que la partie "Vagabondage, etc.." était ce que je recherchais.
J'ai bientôt 17 ans et je rêve de partir loin, vagabonder, autrement dit devenir beatnik.. Je me sens pas du tout à l'aise dans la société de consommation et au milieu de tous les gens "normaux" ( on va résumer comme ça... )
Mais on m'a tellement mit dans la tête qu'il faut à tout prix avoir le Bac (comme à tous les élèves) que j'hésite à attendre jusque là.. Surtout que si j'attends j'ai peur de "m'ancrer" dans cette vie et finalement faire comme tout le monde..

Voilà je voudrais savoir si quelques uns d'entre vous ont été dans la même position, je pense que je me suis adressé sur le bon forum en tout cas.

Merci !

Salut Jim !

Bienvenue ici.

Jim a écrit: Je me sens pas du tout à l'aise dans la société de consommation et au milieu de tous les gens "normaux" ( on va résumer comme ça... )

On en est tous un peu là.

J'ai bientôt 17 ans et je rêve de partir loin, vagabonder, autrement dit devenir beatnik.. (...) Mais on m'a tellement mis dans la tête qu'il faut à tout prix avoir le Bac (comme à tous les élèves) que j'hésite à attendre jusque là.. Surtout que si j'attends j'ai peur de "m'ancrer" dans cette vie et finalement faire comme tout le monde..

Alors, si je peux me permettre un point de vue.
A l'âge d'avoir le bac, on n'est pas encore complètement à la ramasse.
Tu peux donc attendre au moins jusque là. A 17 ans, tu ne dois pas en être loin.
Parce que "vagabonder", tu peux en avoir marre aussi un jour.
Tu n'es pas en marbre, tu as encore sérieusement le temps de changer et de passer par d'autres phases psychologiques, d'autres états d'esprit.
Et tu peux donc un jour avoir envie de revenir pour "t'ancrer" un peu.
Surtout si tu as en route rencontré une copine qui en a marre elle aussi, de la route.
Et là, si vous vous dites qu'il est temps pour vous de vous "ancrer", et que vous n'avez pas le bac, ni aucun diplôme, c'est le temps des pleurs et des grincements de dents qui commence. Et je crains que ce soit long, une vie de grincements de dents. Une vie à ramer comme des désespérés, à aller pleurer tous les jours à l'ANPE, aller de stages en stages qui ne serviront à rien, essayer de refaire des études à la sauvette...
Surtout quand il y a des enfants qui se pointent dans l'affaire, et qu'on n'a pas de quoi leur offrir un peu mieux que le minimum le plus minimal.
J'en ai connu, des mecs de 17-18 ans qui insultaient leurs parents parce que les parents insistaient pour qu'ils fassent un minimum d'études.
Il y avait les discours du genre, six mois avant le bac : "Je ne passe pas mon bac. Ca ne sert à rien. Je pars faire la Patagonie avec Corine. On se débrouillera."
Eh bien crois-moi, ceux qui disaient "on se débrouillera", c'était bien rare que, plus tard, ils se "débrouillent" si bien que cela.
(Entre parenthèses : la Corine en question, elle les avait lâchés en route pour aller s'installer avec un autre gars, bardé de diplômes.)
Un peu plus tard, c'étaient les mêmes qui, une fois remis de leur envie de vagabonder, hurlaient encore plus fort contre leurs parents du genre : "Il fallait m'obliger ! Il fallait m'empêcher de faire le con ! Il fallait m'obliger à passer mon bac !"
Total, ils avaient fichu leur vie en l'air, et aussi celle de leurs parents, complètement désespérés, qui culpabilisaient un max.
Joli bilan.
Quelques années de vagabondage cher payées, non ?
Et heureusement qu'il y a alors les parents pour payer les jouets et les vacances des petits-enfants.
Ouvre un peu les yeux et les oreilles, des histoires comme cela, tu vas en remplir des bottins.
J'ai même connu une fille qui, lassée de ne pas trouver de boulot sans bac, avait fini, en désespoir de cause, par se faire mettre enceinte par le premier glandeur qui passait, pour pouvoir vivre de son statut de mère :
RMI + allocation parentale + allocation logement + aides diverses + aide des parents = vie un peu sinistre. Et l'enfant ? Son vécu, à lui ?

Encore une remarque : les beatniks dont on parle, ils avaient du talent, ils écrivaient, ils peignaient, ils faisaient de la musique, bref, ils avaient de quoi retomber sur leurs pieds. Pareil pour les hippies : c'était l'époque du plein emploi. Ceux qui en ont eu marre de faire le hippy, sont aujourd'hui cadres, et bien d'entre eux ont aujourd'hui de superbes maisons sur les hauteurs de San Francisco.

Prépare ton bac, fais un minimum d'études pour pouvoir retomber un jour sur vos pieds, ta copine et toi, et tu auras quand même des occasions de vagabonder, rassure-toi.
Désolé pour le côté vieux moralisateur, mais j'ai vu suffisamment de désastres pour ne pas essayer d'en prévenir un nouveau.

Voilà je voudrais savoir si quelques uns d'entre vous ont été dans la même position, je pense que je me suis adressé sur le bon forum en tout cas.

J'espère que tu auras d'autres avis.

A plus tard.

Eon

Bonjour Jim, et bienvenu parmi nous. Je suis vraiment, sincèrement très heureux que tu nous aies rejoint. C'est très difficile de répondre à ta question. Je ne me sens pas en mesure de pouvoir avoir le droit de te donner un simple avis, j'en serais mal à l'aise, et encore moins un conseil, mais disons je ne serais pas loin de penser tout de même ce que Eon te répond.
Je ne puis que te faire part de mon témoignage, moi qui me suis trouvé dans cette situation à ton âge. Pour situer grosso modo les choses, j'avais 18 ans en 1968 et l'ambiance du temps n'était franchement pas à se préoccuper du bac, tu l'imagines, ni même de "notre avenir". Mais l'époque était très différente d'aujourd'hui, moins violente me semble t-il, plus humaine, plus "douce", et chacun pouvait finalement y trouver sa place... De plus, nos parents avaient connu la guerre, l'occupation allemande, les restrictions, la faim et à travers leurs récits on s'était habitué à l'idée de la possibilité d'une certaine précarité et on pensait de toute manière que quoi qu'il arrive, la situation ne serait jamais pire que ce qu'ils avaient vécu. On pensait aussi très naïvement qu'on allait forcément vers le mieux et que la société ne reviendrait jamais en arrière, ni sur les "acquis sociaux"... Pourquoi s'en faire ? Les titulaires du bac étaient alors très minoritaires dans la population et il y avait donc toujours la possibilité de trouver du travail pour tout le monde, avec ou sans qualification. Et puis, encore une fois, très sincèrement, on pensait, enfin, moi je pensais, que dans les années à venir on aurait même la possibilité de vivre sans travailler, la solidarité providentielle y pourvoirait ! Donc je décidai de ne pas passer le bac. Le matin de l'examen, je ne me suis pas présenté aux épreuves. J'ai voyagé, rêvé, rencontré des gens. Sans forcément d'ailleurs "m'éclater" comme on dit... Vivant simplement. Souvent de petits boulots. Et terminant aujourd'hui ma vie professionnelle comme vendeur en bricolage dans une grande surface de province. Sans aucun regret. Sans pour autant n'avoir connu ni la galère, mais sans avoir eu le sentiment de vivre vraiment mes rêves et ma vie...
Aujourd'hui, compte tenu de la société actuelle, je ne sais pas quoi te dire.
Bonne chance. Avec beaucoup d'amitié.

Bienvenue Jim Moi non plus, je ne sais pas trop quoi te répondre : tu connais le dicton "l'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte !" Et encore, certains ajoutent que l'expérience est une lanterne accrochée dans le dos du marcheur et qui n'éclaire que le chemin déjà parcouru et non celui qui reste à faire...
En revanche, toujours d'accord pour discuter avec toi de voyages, des beatniks et de Kerouac.
http://www.wat.tv/audio/gerard-manset-il-voyage-en-153i0_2gq6p_.html

Bonjour et bienvenue Jim. N'hésite pas à vagabonder le long des topics de ce forum...

Je voudrais juste ajouter une formule :
Avoir le bac ne sert à rien, ne pas l'avoir dessert beaucoup.
J'ai dans mes relations deux gars qui n'ont pas le bac.
L'un court derrière des contrats limités de gardien de musée,
l'autre a pendant longtemps fait de même des cdd de gardien de parking la nuit,
et comme le gardiennage est complètement bouché,
aujourd'hui il est parti vivre chez sa soeur à la campagne
et se fait entretenir par elle.
(Et du temps où il travaillait comme gardien de nuit,
il en était malade, lui passionné de cinéma, de littérature et de musique,
de passer ses nuits de boulot au milieu de gars qui, eux, ne parlaient que de football.)

Il y a certes des personnes qui n'ont pas le bac, et qui réussissent très bien.
Un plombier débrouillard peut gagner aussi bien voire mieux sa vie qu'un prof agrégé.
Mais pour quelques-uns comme cela, il y a des cohortes de malheureux.
Les deux gars dont j'ai parlé plus haut, il faut voir la tête qu'ils font aujourd'hui...
Ils le regrettent amèrement, d'avoir mal joué côté études.
Par ailleurs, avoir son bac et d'autres diplômes en poche n'empêche pas les balades.
Ce n'est pas parce qu'on n'a plus 17-18 ans qu'on est devenu un zombie.
Mais, je l'ai écrit plus haut, et je le réécris :
ce que j'ai du mal à supporter, ce sont les gamins de 18 ans qui se sont dressés
contre leurs parents, et ont refusé de faire des études,
et qui, quelques années plus tard, leur reprochent de n'avoir pas insisté suffisamment.

Eon

Bienvenue Jim. Nous avons à peu près le même âge (on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans !) ,
et comme toi, je ne suis pas plus à l'aise dans cette "société de consommation".
Je suppose d'ailleurs que nous en sommes en majorité plus victimes qu'acteurs.
Je suis en Terminale et je dois passer le Bac à la fin de l'année donc
et si je réussis j'espère pouvoir intégrer une prépa littéraire (Khâgne), mais c'est du boulot en perspective et en fait, je suis assez paresseuse (et j'ai surtout peur de l'esprit de compét en prépa, moi, c'est un truc à me décourager définitivement !)
J'ai fait le choix de passer le bac, tout en ne me sentant pas forcément en phase avec la société actuelle et rêve, comme beaucoup, à "autre chose".
Je me considère proche des idées libertaires et hippies. Mais je me dit que ce n'est pas parce que j'aurais le bac que je ne pourrai pas les vivre !

Et puis tout dépend aussi du caractère de chacun, certains peuvent se permettre de faire un "break" une année,
de faire leur expérience, et éventuellement de reprendre des études ensuite.
Mais il faut une certaine force de caractère et moi, je n'aurais pas pu.
Bon courage et encore bienvenue. Biz

zazoue, tu rêves à autre chose ou d'autre chose ?

Bonsoir!
Merci à tous de m'avoir répondu!

Oui effectivement dans notre monde actuel on ne peut plus faire grand chose sans le bac (c'est bien dommage..) Et même avec on ne sait même pas si on aura quelque chose! Quelle belle vie
En effet je pense que je vais devoir me résigner à devoir le passer. Mais là je suis limite en dépression déjà, j'ai toujours été assez bon élève mais l'étau se resserre j'ai l'impression et on doit en apprendre de plus en plus, de plus en plus vite (même programme de Français que l'année dernière mais avec une heure de moins par semaine..), et je commence à vraiment péter un câble de plus avoir aucune vie en dehors des cours...
C'est pour ça que je m'impatiente de voyager, de me bouger le cul de ces putains de chaises, car chaque jour je me sens moins bien, moins à l'aise..

D'ailleurs, j'ai oublié de demander: si on joue de la guitare depuis très longtemps et que l'on a un bon niveau, est ce que cela peut ouvrir d'autres "perspectives" pour le vagabondage? Si il y a eu des gens dans ce cas là qui pourrait me filer 2 où 3 ficelles


@zazoue Respect! Je ne sais pas si j'aurais ton courage! Moi je pense qu'avant même d'avoir les résultats du Bac je serai déjà dans un van en direction de n'importe où (Ptêtre pas quand même)
C'est long une prépa littéraire?
Oui moi aussi l'esprit de compèt je trouve qu'il n'y a rien de plus chiant pour plomber une ambiance..

Merci !

Un petit clin d'oeil pour toi Jim, avec toute mon amitié ! Bienvenue !

Excellent film !

Bonjour Jim.
Depuis toujours, depuis l'enfance, je suis fasciné par le thème du vagabondage, de l'errance... Moi aussi, j'ai rêvé de partir, sans rien, avec mon baluchon, sur les routes, sans devoir me soucier de l'avenir... Moins d'ailleurs par rejet de la société que par attrait d'une certaine poésie que je croyais y déceler peut-être.
Je trouve cependant que toutes les réponses qui t'ont été faites, jusqu'à celle de hippium, sont (malheureusement) pleines de bon sens. Les temps sont durs et j'ai l'impression qu'ils le seront de plus en plus. Et d'ici qu'on revienne à une époque plus douce, comme celle qu'on a connue il y a quarante ans, et qui nous permette les erreurs de parcours, l'eau aura coulée sous les ponts et nous ne serons probablement plus là !
Alors, mes errances, mes vagabondages, bien souvent je me suis contenté (!) de les rêver...

Pialat, c'est pas toujours bien ? Je ne l'ai pas vu celui-là

Bonjour Jim

Bonjour!

Merci de vos réponses!
Halala je suis vraiment dégouté, je ne sais plus quoi faire... Bien que je sache que le BAC c'est important blabla.. j'ai une envie incroyable de partir avec ma guitare et de monter un groupe.

J'ai peur de tomber en dépression où un truc du genre si je reste dans ce quotidien.. Ma mère pense que c'est une crise d'adolescence mais je suis sûr que non, c'est juste que je vois les choses différement.

@Muddy_le_hobbo Tu n'es jamais parti vivre ton rêve? comment ça se fait?

Bonjour Jim, en principe la prépa littéraire (d'abord hypokhâgne, puis khâgne) prépare donc en deux ans, voire trois ans à l'entrée à l'Ecole Normale Supérieure (ENS), la voie royale ! Normal'Sup c'était mon rêve de pré-ado de 12/13 ans. Mais, je ne rêve plus, et je ne me fais plus d'illusion. Intégrer khâgne c'est pour moi seulement pouvoir valoriser une année de glandage et réfléchir à l'avenir, tout en étant encadrée. Car paresseuse comme je suis, la fac serait la catastrophe. Une année de prépa, même ratée, n'est jamais perdue ! Cela me laisse une année de plus pour "mûrir"... Voilà ce que je pense.
Tu dis que tu as peur de tomber en dépression. As-tu essayé d'analyser ce qui te rend en ce moment "dépressif" ? L'approche du bac, le monde des adultes, l'avenir en général ? Et pourquoi ? Qu'est-ce que tu voudrais exactement ? Peux-tu te faire aider si tu penses riquer la dépression ?
Monter un groupe ? Oui, mais très peu arrivent à percer, et à en vivre ?
J'ai connu un type de 18 ans qui n'aimait pas l'école et voulait vivre avec le moins de containtes possibles. Il avait passé son permis de "cariste" et quand il avait besoin d'argent, avec son permis il trouvait toujours du travail. Et pendant ses périodes de chômage, il suivait des formations pour développer son champ de compétences.
Bon courage.

Salut Zazoue!

Tu voudrais faire quoi toi après toutes ces études? Voyager et tout et trouver un boulot stable?

Bah oui ce qui me rend "dépressif" c'est être entouré de gens qui ne m'intéressent pas, devoir me lever à 6h tous les matins, me taper 1 heure de bus, aller en cour pour recevoir des leçons de morale et des "Bon vous me faites le 1,2,3,4,5,6,7,8 p200 pour demain. Sans faute." Alors que je pourrai vivre de petits boulots, voyager, enfin faire un truc que j'aime quoi..
Quand je disais faire un groupe je ne pensais pas spécialement à devenir une rockstar lol, mais à gagner deux où trois sous en jouant, ça serait déjà ça!
Niveau aide, je suis déjà allé une fois à un CMP, j'ai raconté à la psy, elle avait un air de caniche paralysé et elle a juste dit "Mmh" "Oui" "Et?".
A la fin elle voulait juste me foutre sous anti dépresseur, je lui dit à la prochaine et j'y suis jamais retourné. Je suis également allé voir une "nutritionniste" qui est du genre "chaman", qui croit aux esprits un peu et tout.. Elle m'a dit de faire ce qui me rendrait heureux mais on en a pas parlé plus que ça, je la revois dans un mois où deux je crois. Et là ma mère s'est désisté de sa psy et m'a demandé de y aller à sa place pour en parler. RDV pendant les vacances..

J'ai un peu le même état d'esprit que ton ami Mais ils nous bornent tellement avec le BAC que je ne sais même pas quels autres métiers on peut faire SANS ce bout de papier.

Si tu n'aimes pas le monde, tu as pensé à la vie monastique ? Mais même là, pour être moine maintenant, je crois qu'il faut le bac !

Heureusement qu'il nous reste l'humour !

@neo-codion Non ça ne m'intéresse pas, je veux pouvoir boire, fumer, et avoir les cheveux longs

Tant pis, j'aurais pourtant essayé de te recruter !

Jim a écrit:

@Muddy_le_hobbo Tu n'es jamais parti vivre ton rêve? comment ça se fait?

Mais le rêve n'est-il pas une autre forme d'errance, de vagabondage ?

Jim, je ne sais pas si ça peut t'aider mais Malraux est bien parti à 22 ans piller le temple d'Angkor sans avoir le bac !

@Muddy_le_hobbo Oui le rêve peut être une sorte de vagabondage, mais moi cela ne me suffit pas personnellement, puisque à peine 16 ans j'ai déjà envie d'autre chose

Sinon ce monsieur Malraux à l'air super intéressant, je pense que je vais lire ses bouquins! Merci de me l'avoir fait découvrir