Gilbert Cesbron

"Les "hippies" ont eu une enfance sans grenier. C'est à dix-huit ans qu'ils découvrent les oripeaux."
Gilbert Cesbron

Qu'en pensez-vous ?

Gilbert Cesbron veut-il dire, comme je comprends, que les hippies sont des gens qui n'ont pas eu une enfance "structurante" et qui vivent celle-ci, qui leur a manqué, une fois adulte ? Stigmatise-t-il ainsi leur immaturité ?

Symboliquement, le grenier représente le cerveau, la réflexion, l'intelligence, la pensée, au contraire de la cave qui, elle, représente les sensations, les instincts, l'inconscient, ce qui est enfoui et caché, la vie primitive.
Le grenier c'est aussi le lieu de jeu et d'apprentissage des enfants, où ils se réfugient les jours de pluie, le lieu des expériences, là où découvrant une vieille malle de voyage emplie de vieux vêtements, ils se déguisent d'oripeaux. Par le jeu, les enfants structurent effectivement leur pensée et grandissent. C'est cette structuration qui semble avoir manqué aux hippies : ils ne découvrent la malle qu'à (plus ou moins) dix-huit ans.
Je comprends donc, moi aussi, que Cesbron évoque l'immaturité du hippie.
Mais ne nous sommes pas tous immatures ?
Relire Gombrowicz...

Hum... pas facile !
On peut déjà comprendre aisément cependant :
1) que Cesbron parle d'un grenier symbolique
2) qu'il évoque un manque, quelque chose qui a manqué dans l'enfance des hippies (une enfance sans grenier), un inachèvement, une incomplétude.
Mais qu'est-ce donc ce grenier ?
L'écrivain et psychanalyste canadien Julien Bigras nous dit dans son livre "L'enfant dans le grenier" que "c'est le lieu symbolique où l'on grandit, où l'on passe de l'enfance à l'âge adulte"
Les oripeaux, ce sont de vieux vêtement usés, des guenilles et au figuré c'est ce qui est clinquant, ce qui brille, ce qui a un éclat apparent, et sous lequel il n'y a rien de solide.
Se vêtir des oripeaux, c'est épouser les idées de tous le monde, ou les idées "à la mode"
Les hippies n'ayant pas su grandir, n'ayant pas su développer leur esprit critique (dans le sens noble du terme) ils se vêtent à l'adolescence des oripeaux des idées à la mode, ou clinquantes mais sans fond.

Plus exactement se vêtir des oripeaux, c'est adopter de vieilles idées (franchement, qui serait à priori contre les idées de paix universelle, de fraternité, de liberté, de bonheur pour tous proclamées par les hippies? ) mais remises au goût du jour sous des aspects clinquants et sexy...

Gilbert Cesbron disait aussi : "l'ennui porte conseil" !

C'est tellement vrai ! Celui qui ne s'est pas ennuyé n'a pas d'imagination et qui plus est, est le jouet du moindre vent, des circonstances...