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Arthur Rimbaud

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Message  Eon Ven 14 Oct 2011 - 11:01

D'un gradin d'or, parmi les cordons de soie, les gazes grises, les velours verts et les disques de cristal qui noircissent comme du bronze au soleil, je vois la digitale s'ouvrir sur un tapis de filigranes d'argent, d'yeux et de chevelures.
Des pièces d'or jaune semées sur l'agate, des piliers d'acajou supportant un dôme d'émeraudes, des bouquets de satin blanc et de fines verges de rubis entourent la rose d'eau.
Tels qu'un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.

On suit la route rouge pour arriver à l'auberge vide. Le château est à vendre ; les persiennes sont détachées.

Sur la pente du talus les anges tournent leurs robes de laine dans les herbages d'acier et d'émeraude.
Des prés de flammes bondissent jusqu'au sommet du mamelon.

Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L'air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin !

A la lisière de la forêt, les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, la fille à lèvre d'orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer.

Un goût de cendres vole dans l'air; une odeur de bois suant dans l'âtre, les fleurs rouies, le saccage des promenades, la bruine des canaux par les champs.

Au bois, il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir.

Il y a une horloge qui ne sonne pas.

Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.

Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.

Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.

Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois.

Oh! les pierres précieuses qui se cachaient, les fleurs qui se regardaient déjà.

Ô la face cendrée, l'écusson de crin, les bras de cristal !

Les prés remontent aux hameaux sans coqs, sans enclumes. L'écluse est levée. Ô les calvaires et les moulins du désert, les îles et les meules.

Sourds, étang ; écume, roule sur le pont et par-dessus les bois ; draps noirs et orgues, éclairs et tonnerre, montez et roulez ; eaux et tristesses, montez et relevez les déluges.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois.

Des fleurs magiques bourdonnaient. Les talus le berçaient. Des bêtes d'une élégance fabuleuse circulaient. Les nuées s'amassaient sur la haute mer faite d'une éternité de chaudes larmes.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui dit son nom.

Les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

Et tandis que la bande en haut du tableau est formée de la rumeur tournante et bondissante des conques des mers et des nuits humaines, la douceur fleurie des étoiles et du ciel et du reste descend en face du talus, comme un panier, contre notre face, et fait l'abîme fleurant et bleu là-dessous.

Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer; enfantes et géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux debout sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés, jeunes mères et grandes soeurs aux regards pleins de pèlerinages, sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses.

Des routes bordées de grilles et de murs, contenant à peine leurs bosquets, et les atroces fleurs qu'on appellerait coeurs et soeurs, Damas damnant de longueur, possessions de féeriques aristocraties ultra-Rhénanes, Japonaises, Guaranies, propres encore à recevoir la musique des anciens, et il y a des auberges qui pour toujours n'ouvrent déjà plus, il y a des princesses, et si tu n'es pas trop accablé, l'étude des astres, le ciel.

Rire des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille.




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Message  Eon Sam 15 Oct 2011 - 15:02

A droite l'aube d'été éveille les feuilles et les vapeurs et les bruits de ce coin de parc, et les talus de gauche tiennent dans leur ombre violette les mille rapides ornières de la route humide. Défilé de féeries. En effet : des chars chargés d'animaux de bois doré, de mâts et de toiles bariolées, au grand galop de vingt chevaux de cirque tachetés, et les enfants et les hommes sur leurs bêtes les plus étonnantes; vingt véhicules, bossés, pavoisés et fleuris comme des carrosses anciens ou de contes, pleins d'enfants attifés pour une pastorale suburbaine.

Quels hommes mûrs! Des yeux hébétés à la façon de la nuit d'été, rouges et noirs, tricolores, d'acier piqué d'étoiles d'or; des facies déformés, plombés, blêmis, incendiés; des enrouements folâtres! La démarche cruelle des oripeaux! Il y a quelques jeunes, pourvus de voix effrayantes et de quelques ressources dangereuses. On les envoie prendre du dos en ville, affublés d'un luxe dégoûtant.
Dans des costumes improvisés avec le goût du mauvais rêve ils jouent des complaintes, des tragédies de malandrins et de demi-dieux spirituels comme l'histoire ou les religions ne l'ont jamais été. Chinois, Hottentots, bohémiens, niais, hyènes, Molochs, vieilles démences, démons sinistres, ils mêlent les tours populaires, maternels, avec les poses et les tendresses bestiales. Ils interpréteraient des pièces nouvelles et des chansons "bonnes filles". Maîtres jongleurs, ils transforment le lieu et les personnes et usent de la comédie magnétique. Les yeux flambent, le sang chante, les os s'élargissent, les larmes et les filets rouges ruissellent. Leur raillerie ou leur terreur dure une minute, ou des mois entiers.

Devant une neige un être de beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s'élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré; des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la vision, sur le chantier. Et les frissons s'élèvent et grondent, et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, elle recule, elle se dresse.

Cette idole, yeux noirs et crin jaune, sans parents ni cour, plus noble que la fable, mexicaine et flamande; son domaine, azur et verdure insolents, court sur des plages nommées, par des vagues sans vaisseaux, de noms férocement grecs, slaves, celtiques.

Hourra pour l'œuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois! Cela commencera sous les rires des enfants, cela finira par eux..

Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité, cela finit par une débandade de parfums.

Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

Dans la grande rue sale les étals se dressèrent, et l'on tira les barques vers la mer étagée là-haut comme sur les gravures.


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Ornières - Parade - Being beauteous - Enfance I - Matinée d'ivresse - Après le déluge - Extraits.



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Message  Eon Mar 1 Nov 2011 - 22:25

A une distance énorme au-dessus de mon salon souterrain, les maisons s'implantent, les brumes s'assemblent. La boue est rouge et noire. Ville monstrueuse, nuit sans fin!


L'acropole officielle outre les conceptions de la barbarie moderne les plus colossales. Impossible d'exprimer le jour mat produit par le ciel immuablement gris, l'éclat impérial des bâtisses, et la neige éternelle du sol. On a reproduit dans un goût d'énormité singulier toutes les merveilles classiques de l'architecture. J'assiste à des expositions de peinture dans des locaux vingt fois plus vastes qu'Hampton-Court. Quelle peinture! Un Nabuchodonosor norvégien a fait construire les escaliers des ministères; les subalternes que j'ai pu voir sont déjà plus fiers que des brahmanes, et j'ai tremblé à l'aspect des gardiens de colosses et officiers de constructions. Par le groupement des bâtiments en squares, cours et terrasses fermées, on a évincé les cochers. Les parcs représentent la nature primitive travaillée par un art superbe. Le haut quartier a des parties inexplicables : un bras de mer, sans bateaux, roule sa nappe de grésil bleu entre des quais chargés de candélabres géants. Un pont court conduit à une poterne immédiatement sous le dôme de la Sainte-Chapelle. Ce dôme est une armature d'acier artistique de quinze mille pieds de diamètre environ.

Sur quelques points des passerelles de cuivre, des plates-formes, des escaliers qui contournent les halles et les piliers, j'ai cru pouvoir juger la profondeur de la ville ! C'est le prodige dont je n'ai pu me rendre compte : quels sont les niveaux des autres quartiers sur ou sous l'acropole ? Pour l'étranger de notre temps la reconnaissance est impossible. Le quartier commerçant est un circus d'un seul style, avec galeries à arcades. On ne voit pas de boutiques, mais la neige de la chaussée est écrasée; quelques nababs aussi rares que les promeneurs d'un matin de dimanche à Londres, se dirigent vers une diligence de diamants. Quelques divans de velours rouge : on sert des boissons polaires dont le prix varie de huit cents à huit mille roupies. A l'idée de chercher des théâtres sur ce circus, je me réponds que les boutiques doivent contenir des drames assez sombres. Je pense qu'il y a une police. Mais la loi doit être tellement étrange, que je renonce à me faire une idée des aventuriers d'ici.

Le faubourg, aussi élégant qu'une belle rue de Paris, est favorisé d'un air de lumière. L'élément démocratique compte quelque cents âmes. Là encore les maisons ne se suivent pas; le faubourg se perd bizarrement dans la campagne, le "Comté" qui rempli l'occident éternel des forêts et des plantations prodigieuses où les gentilshommes sauvages chassent leurs chroniques sous la lumière qu'on a créée.


C'est un peuple pour qui se sont montés ces Alleghanys et ces Libans de rêve! Des chalets de cristal et de bois qui se meuvent sur des rails et des poulies invisibles. Les vieux cratères ceints de colosses et de palmiers de cuivre rugissent mélodieusement dans les feux. Des fêtes amoureuses sonnent sur les canaux pendus derrière les chalets. La chasse des carillons crie dans les gorges. Des corporations de chanteurs géants accourent dans des vêtements et des oriflammes éclatants comme la lumière des cimes. Sur les plates-formes au milieu des gouffres les Rolands sonnent leur bravoure. Sur les passerelles de l'abîme et les toits des auberges l'ardeur du ciel pavoise les mâts. L'écroulement des apothéoses rejoint les champs des hauteurs où les centauresses séraphiques évoluent parmi les avalanches. Au-dessus du niveau des plus hautes crêtes, une mer troublée par la naissance éternelle de Vénus, chargée de flottes orphéoniques et de la rumeur des perles et des conques précieuses, la mer s'assombrit parfois avec des éclats mortels. Sur les versants des moissons de fleurs grandes comme nos armes et nos coupes, mugissent. Des cortèges de Mabs en robes rousses, opalines, montent des ravines. Là-haut, les pieds dans la cascade et les ronces, les cerfs tètent Diane. Les Bacchantes des banlieues sanglotent et la lune brûle et hurle. Vénus entre dans les cavernes des forgerons et des ermites. Des groupes de beffrois chantent les idées des peuples. Des châteaux bâtis en os sort la musique inconnue. Toutes les légendes évoluent et les élans se ruent dans les bourgs. Le paradis des orages s'effondre. Les sauvages dansent sans cesse la fête de la nuit. Et une heure je suis descendu dans le mouvement d'un boulevard de Bagdad où des compagnies ont chanté la joie du travail nouveau, sous une brise épaisse, circulant sans pouvoir éluder les fabuleux fantômes des monts où l'on a dû se retrouver.


Du détroit d'indigo aux mers d'Ossian, sur le sable rose et orange qu'a lavé le ciel vineux, viennent de monter et de se croiser des boulevards de cristal habités incontinent par de jeunes familles pauvres qui s'alimentent chez des fruitiers.

Du désert de bitume fuient droit en déroute avec les nappes de brumes échelonnées en bandes affreuses au ciel qui se recourbe, se recule et descend, formé de la plus sinistre fumée noire que puisse faire l'océan en deuil, les casques, les roues, les barques, les croupes.

Ce pont de bois, arqué; les derniers potagers de Samarie; ces masques enluminés sous la lanterne fouettée par la nuit froide; l'ondine niaise à la robe bruyante, au bas de la rivière; ces crânes lumineux dans les plans de pois, et les autres fantasmagories, la campagne.


Arthur Rimbaud - Enfance V - Villes - Métropolitain - Extraits.

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Message  Jim Dim 6 Nov 2011 - 13:59

Rimbaud, le génie qui a écrit la plupart de ses poèmes à 16 ans! Mon idole Very Happy

Ce poème correspond parfaitement à la définition d'errance pour moi! :

Ma bohème

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!

Arthur Rimbaud
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Message  oiseaulys Dim 6 Nov 2011 - 14:11

Complètement d'accord avec toi, Jim; pour moi aussi. sunny
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Message  zazoue Sam 12 Nov 2011 - 8:39

A l'occasion du 120ème anniversaire de la mort de Rimbaud, Patti Smith était présente, jeudi10 novembre à Charleville, pour les commémorations. J'aurais aimé y être. flower flower
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Dernière édition par zazoue le Sam 12 Nov 2011 - 8:44, édité 1 fois
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Message  zazoue Sam 12 Nov 2011 - 8:41

Jim a écrit:Rimbaud, le génie qui a écrit la plupart de ses poèmes à 16 ans! Mon idole Very Happy

Ce poème correspond parfaitement à la définition d'errance pour moi! :

Ma bohème

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!

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Message  zazoue Mer 16 Nov 2011 - 18:38

En avril 2010 a été découvert une photo prise sur la terrasse de l'Hôtel de l'Univers à Aden entre 1880 et 1890. L'un des personnages du cliché, le deuxième en partant de la droite (le premier homme) a été reconnu comme étant Rimbaud et cela a été confirmé par plusieurs experts. Cela serait extraordinaire car ce serait alors pratiquement la SEULE photo de Rimbaud adulte connue à ce jour. Or depuis l'année dernière, d'autres experts remettent en cause avec arguments valables semble-t-il l'identité du personnage.
Arthur Rimbaud 468422_sans-titreArthur Rimbaud 466565_sans-titre
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Message  zazoue Mer 16 Nov 2011 - 18:38

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Message  zazoue Mer 16 Nov 2011 - 19:09

Voici l'un des poèmes les plus célèbres de Rimbaud :

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !


Ce célèbre poème a donné lieu en 1961 à une non moins célèbre interprétation toute empreinte d'érotisme et de panséxualisme - et très controversée - d'un certain Robert Faurisson :
A noir serait le sexe de la femme, le triangle noir du pubis
E blanc, les seins de la femme, les "rois blancs"
I rouge, les lèvres de la femme, ce qui en sort, les filaments en i de sang craché de la tuberculeuse
U vert, les cheveux blonds, verts
O bleu-violet, les yeux...

Arthur Rimbaud Rimbaud_Faurisson_interpretation_v1Arthur Rimbaud Rimbaudfaurisson_def
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Message  Mr_Nostalgia Dim 20 Nov 2011 - 9:07

zazoue a écrit:.

Ce célèbre poème a donné lieu en 1961 à une non moins célèbre interprétation toute empreinte d'érotisme et de panséxualisme - et très controversée - d'un certain Robert Faurisson :
.

Il s'agit bien du Robert Faurisson, prof de français à l'époque, retraité aujourd'hui connu pour ses prises de position négationnistes et révisionnistes et ami de l'humoriste Dieudonné qui l'avait fait participer à un de ses spectacles.
Son livre sur l'analyse érotique de l'oeuvre de Rimbaud publié en 1961 est régulièrement réédité et est disponible :
Robert Faurisson -- A-t-on lu Rimbaud ? suivi de L'affaire Rimbaud -- éditeur : La Vieille Taupe (208 pages - 20 euros)

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Message  Mr_Nostalgia Dim 20 Nov 2011 - 9:19

Ce n'est pas tant la thèse pansexualiste faurissonienne de l'analyse de l'oeuvre de Rimbaud qui suscita autant la polémique et qui fut pourfendue par Etiemble, mais c'est surtout d'avoir défendu l'image d'un poète logique, rationnel et parnassien, proche d'un Coppée à qui Rimbaud avant de rencontrer Verlaine, avait écrit pour dire toute son admiration, loin de l'image de l'adolescent exalté et révolté habituellement admise.
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Message  Mr_Nostalgia Dim 20 Nov 2011 - 9:23

A une époque, les années 50-60, où tout était lu dans une optique marxisante, cette vision de Rimbaud était purement inadmissible
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Message  zazoue Dim 20 Nov 2011 - 12:19

Merci Mr_Nostalgia de ces précisions, j'avais lu effectivement ce livre en Première, notre prof de français nous avait fait étudier en parallèle Voyelles de Rimbaud, Correspondances de Baudelaire et le "piano occulaire" dans le Neveu de Rameau et La Lettre sur les Sourds et Muets de Diderot...
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Message  oiseaulys Jeu 1 Déc 2011 - 22:39

Quelques photos de Rimbaud :
Arthur Rimbaud H-20-2034693-1271364299 Arthur Rimbaud H-20-2034694-1271364316
Arthur Rimbaud Rimbaud4
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Message  zazoue Lun 25 Juin 2012 - 20:45

Arthur Rimbaud 9782354630522_1_75

Voici un livre que je viens d'acheter mais n'ai pas encore lu : un peu occupée ces derniers temps. Mais maintenant, je vais un peu souffler et prendre du temps pour moi ! Arthur Rimbaud 2322132038 flower flower
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Message  Aldous Mar 23 Juil 2013 - 10:14

"Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l’ai injuriée."
(Une saison en enfer, 1873)



Dernière édition par Aldous le Jeu 12 Jan 2023 - 19:30, édité 1 fois
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Message  mimi pinçon Mer 4 Déc 2013 - 22:36

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Message  neo-codion Ven 16 Juin 2017 - 11:14

Arthur Rimbaud Vlcsnap-2015-12-30-11h59m42s218
Une nouvelle photo de Rimbaud aurait été découverte. Elle aurait été prise en 1879, Rimbaud avait donc 25 ans. Elle est choquante parce qu'elle ne ressemble pas du tout à l'image qu'on se fait habituellement de Rimbaud, mais tout est presque toujours faux chez Rimbaud, comme par exemple la célèbre photo de Carjat odieusement trafiquée pour en faire une image icônique et qui illustre toutes les biographies, et peut-être des œuvres attribuées à Rimbaud qui auraient été en fait écrites sous forme de canular par Coppée et Moréas...
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Message  neo-codion Ven 16 Juin 2017 - 11:16

Sources : http://culturebox.francetvinfo.fr/arts/evenements/une-nouvelle-photo-d-arthur-rimbaud-divise-les-experts-232949
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Message  Durga Sam 17 Juin 2017 - 6:27

neo-codion a écrit:... et peut-être des œuvres attribuées à Rimbaud qui auraient été en fait écrites sous forme de canular par Coppée et Moréas...
Je connais bien cette histoire racontée par Jeff qui dit la tenir de la famille même de François Coppée : ce dernier serait rien de moins que le véritable auteur du Bateau Ivre, Very Happy Very Happy !!
Quant à la photo, il est indéniable qu'elle présente de très grandes similitudes avec la forme du visage de Rimbaud...
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Message  Durga Sam 17 Juin 2017 - 6:38

En revanche, concernant la photo sur la terrasse de l'hôtel de l'Univers à Aden, l'hypothèse Rimbaud ne semble plus être retenue ?
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