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Chahut et canular
Jean-Luc Jeu 15 Déc 2011 - 20:03
A Paris, la «guerre des sapins» fait des victimes
Rite . Des élèves d’Henri IV ont écopé d’une exclusion provisoire pour avoir kidnappé des arbres de Noël.
Par EDOUARD LAUNET, QUENTIN GIRARD
Cette année, la «guerre des sapins» s’est terminée sur un bilan inhabituel : une dizaine d’exclusions temporaires au lycée Henri IV (Ve arrondissement de Paris). Des parents d’élèves s’émeuvent : pourquoi une telle sanction pour un simple rite potache ? Depuis l’occupation romaine de Lutèce, ou presque, étudiants et collégiens de la montagne Sainte-Geneviève se transmettent des traditions fantasques et se lancent des défis qui ne le sont pas moins. La «guerre des sapins» n’est certes pas la plus spirituelle de ces coutumes, mais c’est une des plus récentes.
Menace. Chaque début décembre, lorsque le service des parcs et jardins de la ville de Paris installe une vingtaine de grands sapins de Noël devant le Panthéon, les internes des classes préparatoires scientifiques des trois lycées prestigieux du quartier (Henri IV, Louis-le-Grand et Saint-Louis) s’affrontent en kidnappant le plus d’arbres possible. Les victimes, de 3 à 6 mètres de haut, sont nuitamment enlevées puis exhibées en classe. Il n’est pas rare que les étudiants de Maths Sup offrent un sapin à leurs aînés de Maths Spé. Un ou deux jours plus tard, les arbres sont remis en place et tout finit bien.
Ces dernières années pourtant, le service des parcs et jardins s’est énervé, envoyant aux proviseurs des lycées des lettres comminatoires où planait la menace de sanctions pénales. Il y a deux ans, quelques élèves avaient passé une nuit en garde à vue car, derrière les sapins, se cachaient non des pères Noël mais des policiers. «Chaque année, la réac mairie du Ve râle, chaque année les proviseurs poussent une gueulante, mais qui ça gêne, vu qu’ensuite on les ramène en parfait état ?» se demande un ancien élève.
Cette année, ceux de Louis-le-Grand ont préféré laisser tomber, mais ceux d’Henri IV y sont allés, ramenant quatre otages. Sauf que «les sapins étaient piégés», raconte un délégué de classe. «Ils avaient fait exprès d’enduire la base de goudron frais». De la rue Clovis aux salles de classe, ce n’était pas bien compliqué pour Patrice Corre, le proviseur d’Henri IV, de se mettre en quête des coupables. Faute de dénonciations, ce sont les délégués de classe qui ont trinqué, plus quelques internes, exclus pour une semaine : pas de quoi en faire un fromage.
Oui, mais sur cette montagne merveilleuse, qui regroupe les meilleurs lycées de France et attire des élèves qui ne sont pas les plus socialement défavorisés, les incidents deviennent vite affaires de principes. «Il y a une quasi-judiciarisation de ce qui n’est qu’une bénigne tradition d’internes. Cela en dit long sur l’évolution de notre société», se désole le père d’un élève sanctionné. Ce à quoi le proviseur répond : «Devoir d’exemplarité.» Ces élèves, argumente-t-il en substance, étudient dans des conditions que beaucoup leur envient, ce qui leur confère une responsabilité particulière. «Je ne suis pas sûr qu’on ferait preuve d’autant de mansuétude avec des élèves de lycées de banlieue commettant des dégradations dans la rue.»
Exutoire. En n’infligeant qu’une exclusion temporaire aux élèves, le proviseur de «H4» estime leur avoir évité le pire : une plainte suivie d’une éventuelle sanction qui aurait pu compliquer leur inscription aux concours des grandes écoles. Les deux camps s’accordent au moins sur un point : au terme d’un premier trimestre de Maths Sup, moment d’une assez grande violence psychologique, un désir d’exutoire n’est pas illégitime. Comme les sapins du Panthéon ont un propriétaire sourcilleux, les taupins sont priés de se trouver de nouveaux modes de défoulement.
Libération 12/12/2011
Rite . Des élèves d’Henri IV ont écopé d’une exclusion provisoire pour avoir kidnappé des arbres de Noël.
Par EDOUARD LAUNET, QUENTIN GIRARD
Cette année, la «guerre des sapins» s’est terminée sur un bilan inhabituel : une dizaine d’exclusions temporaires au lycée Henri IV (Ve arrondissement de Paris). Des parents d’élèves s’émeuvent : pourquoi une telle sanction pour un simple rite potache ? Depuis l’occupation romaine de Lutèce, ou presque, étudiants et collégiens de la montagne Sainte-Geneviève se transmettent des traditions fantasques et se lancent des défis qui ne le sont pas moins. La «guerre des sapins» n’est certes pas la plus spirituelle de ces coutumes, mais c’est une des plus récentes.
Menace. Chaque début décembre, lorsque le service des parcs et jardins de la ville de Paris installe une vingtaine de grands sapins de Noël devant le Panthéon, les internes des classes préparatoires scientifiques des trois lycées prestigieux du quartier (Henri IV, Louis-le-Grand et Saint-Louis) s’affrontent en kidnappant le plus d’arbres possible. Les victimes, de 3 à 6 mètres de haut, sont nuitamment enlevées puis exhibées en classe. Il n’est pas rare que les étudiants de Maths Sup offrent un sapin à leurs aînés de Maths Spé. Un ou deux jours plus tard, les arbres sont remis en place et tout finit bien.
Ces dernières années pourtant, le service des parcs et jardins s’est énervé, envoyant aux proviseurs des lycées des lettres comminatoires où planait la menace de sanctions pénales. Il y a deux ans, quelques élèves avaient passé une nuit en garde à vue car, derrière les sapins, se cachaient non des pères Noël mais des policiers. «Chaque année, la réac mairie du Ve râle, chaque année les proviseurs poussent une gueulante, mais qui ça gêne, vu qu’ensuite on les ramène en parfait état ?» se demande un ancien élève.
Cette année, ceux de Louis-le-Grand ont préféré laisser tomber, mais ceux d’Henri IV y sont allés, ramenant quatre otages. Sauf que «les sapins étaient piégés», raconte un délégué de classe. «Ils avaient fait exprès d’enduire la base de goudron frais». De la rue Clovis aux salles de classe, ce n’était pas bien compliqué pour Patrice Corre, le proviseur d’Henri IV, de se mettre en quête des coupables. Faute de dénonciations, ce sont les délégués de classe qui ont trinqué, plus quelques internes, exclus pour une semaine : pas de quoi en faire un fromage.
Oui, mais sur cette montagne merveilleuse, qui regroupe les meilleurs lycées de France et attire des élèves qui ne sont pas les plus socialement défavorisés, les incidents deviennent vite affaires de principes. «Il y a une quasi-judiciarisation de ce qui n’est qu’une bénigne tradition d’internes. Cela en dit long sur l’évolution de notre société», se désole le père d’un élève sanctionné. Ce à quoi le proviseur répond : «Devoir d’exemplarité.» Ces élèves, argumente-t-il en substance, étudient dans des conditions que beaucoup leur envient, ce qui leur confère une responsabilité particulière. «Je ne suis pas sûr qu’on ferait preuve d’autant de mansuétude avec des élèves de lycées de banlieue commettant des dégradations dans la rue.»
Exutoire. En n’infligeant qu’une exclusion temporaire aux élèves, le proviseur de «H4» estime leur avoir évité le pire : une plainte suivie d’une éventuelle sanction qui aurait pu compliquer leur inscription aux concours des grandes écoles. Les deux camps s’accordent au moins sur un point : au terme d’un premier trimestre de Maths Sup, moment d’une assez grande violence psychologique, un désir d’exutoire n’est pas illégitime. Comme les sapins du Panthéon ont un propriétaire sourcilleux, les taupins sont priés de se trouver de nouveaux modes de défoulement.
Libération 12/12/2011
Jean-Luc- Admin
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Localisation : Drôme -
Re: Chahut et canular
Dr_Natural Jeu 15 Déc 2011 - 23:35
Ça change des kidnappings de nains de jardin !
Dr_Natural- Messages : 1663
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