Mouna Aguigui

Tous ceux qui fréquentèrent le Paris estudiantin, plus particulièrement le Quartier Latin, des années 60-70 se souviennent bien évidemment de Mouna Aguigui (alias André Dupont, 1911-1999) l'une des figures du mouvement hippie anticonformiste et antimilitariste.
Mais avant lui, il y avait eu, dans les années de l'Après-Guerre, Ferdinand Lop à l'humour très Almanach Vermot qui se présentait à toutes les élections avec le slogan "au char de l'Etat, il faut la roue d'un Lop !" et le programme suivant :
-l'extinction du paupérisme à partir de dix heures du soir
-la construction d'un pont de 300 m de large pour abriter les clochards
-l'extension du boulevard Saint-Michel jusqu’au Mont Saint Michel
-le raccourcissement de la grossesse des femmes de neuf à sept mois
-l'octroi d'une pension à la femme du soldat inconnu
-l’installation de Paris à la campagne pour que les habitants profitent de l’air pur
-la suppression du wagon de queue du métro.

A bas le caca !
A bas le pipi !
A bas le capitalisme !
(Mouna Aguigui)

Mouna Aguigui sur la Fontaine Saint Michel



Ferdinand Lop vers 1962. C'est en raison de la crainte de sa candidature à l'élection présidentielle en 1965 que fut introduit la contrainte des parrainages pour les candidats.

Je croyais que c'était pour Le Pen ?

Comme musicien de rue, à l’époque, j’ai bien connu Mouna.
On se retrouvait dans le même type de rassemblements, que ce soit Taizé, le Larzac, ou le festivel du « Temps des Cerises », en Wallonie.
Ça fait plaisir de voir qu’on ne l’a pas oublié.

@ Hippy73 : c'est bien pour empêcher Ferdinand Lop de se présenter à l'élection présidentielle de 1965 que fut instauré l'obligation pour les candidats d'avoir 100 parrainages.
Ce seuil fut ensuite élevé à 500 parrainages pour empêcher Le Pen (père) de se présenter en 1981.

@ Ardwenn : moi je me souviens surtout du Mouna parisien dans la première moitié des années 70. Il sillonnait le Quartier Latin, le boulevard Saint Michel avec son triporteur décoré de fleurs en plastique et haranguait les passants. A la même époque, il y avait aussi un extravagant mangeur de verre et de lames de rasoirs qui faisait des étranges dessins sur le trottoir avec des allumettes plantées. Son quartier de prédilection était plutôt Montparnasse.

A l'époque, enfin pour les gens de mon âge, on franchissait peu la Seine, tout se passait Rive Gauche...

neo-codion a écrit:
A la même époque, il y avait aussi un extravagant mangeur de verre et de lames de rasoirs qui faisait des étranges dessins sur le trottoir avec des allumettes plantées. Son quartier de prédilection était plutôt Montparnasse.

Oui, je me cite moi-même ! C'est incroyable ! Ce soir, rue de la Huchette, je viens de rencontrer, quarante ans après, cet extravagant mangeur de lames de rasoir faisant toujours le même numéro. Sincèrement, je croyais qu'il était mort... C'est un type qui doit bien avoir soixante quinze ou quatre vingts ans ! Je lui ai dit que je l'avais vu faire le même numéro, il y a quarante ans, lorsque j'étais lycéen à Lavoisier... Eh bien m'a-t-il dit vous me verrez encore dans le quartier dans quarante ans ! Il s'appelle Claude Lord...

Lovie

Je m'en souviens bien, il était souvent devant le ciné en bas du boulevard ou juste en face à la fontaine. On restait souvent scotché à l'écouter.

Je l'avais vu plusieurs fois à Paris lorsque j'y allais pour des week-ends du Mouvement des Objecteurs de Conscience (MOC).

L'impression qu'il m'avait donné, c'est qu'avec sa barbe blanche (dénotant un âge certain) et son vélo, les gens l'écoutaient.
Ça aurait été un jeune de 20-25 ans qui aurait dit la même chose, il serait juste passé pour un farfelu.

Lovie

Merci Lovie.
Je suis sûr que cela va intéresser neo-codion, hipnik et oiseaulys qui ont connu Mouna Aguigui ...

Lovie

Bel hommage ! Merci à toi Lovie

De sacrés souvenirs tout ça ! j'aimais bien ce gars là aussi... je le croisais parfois à St Michel où j'allais traîner mes plumes et mes cheveux longs en sortant de mon boulot de coursier (en vélo solex ) du Ministère de l'Education Nationale, c'était en 72... ça me faisait toujours rire (mais que moi, pas les copains de passage assis avec moi...) lorsque les flics, rue de la Huchette, me demandaient mes papiers et que je sortais ma carte bleu blanc rouge...
Enfin, un homme libre, un vrai pacifiste plein d'humour... un personnage quoi !

Oui mais son côté donneur de leçons que le doute n'effleurait pas était parfois un peu agaçant

Je me souviens bien de tout ça, de Mouna au bas du boulevard Saint Michel, côté Seine, je me souviens de beaucoup de choses et de Georges Perec...