La pauvreté

Selon une étude de l'Insee, la pauvreté progresse en France , la proportion de gens vivant sous le seuil de pauvreté (954 euros par mois) est de 13,5% de la population, soit 8,2 millions de personnes. (Libération du 30 août 2011, Le Monde daté du 31 août 2011)

Le 17 octobre est en France la journée nationale de lutte contre la pauvreté !

Louis Maurin directeur de l'Observatoire des Inégalités, auteur du livre "Déchiffrer la société française" (éditions La Découverte, 2009) a déclaré dans une interview du Monde :
"La pauvreté augmente dans notre pays. C'est historique"

Je suppose que lorsqu'il dit "c'est historique", il veut dire que c'est la première fois (depuis la fin de la seconde guerre mondiale) que les chiffres de la pauvreté sont en hausse de manière significative...

Le livre du jour en cette journée mondiale de lutte contre la pauvreté :
"L'art d'ignorer les Pauvres"
J-K Galbraith
(L. Cordonnier et J. Swift)
Editions Les Liens qui libèrent et Le Monde Diplomatique
78 pages - 6 euros

Voici un livre d'actualité, puisque le Secours populaire et le Secours catholique constatent mois après mois une montée de la pauvreté au rythme des dégâts provoqués par la crise financière, même si Tacite (55-120 après J.-C.) soulignait déjà que "le déséquilibre entre les riches et les pauvres est la plus ancienne et la plus fatale des maladies des républiques".
L'Art d'ignorer les pauvres est l'un des premiers livres "engagés" que les éditions Les Liens qui libèrent et Le Monde diplomatique ont choisi de réaliser à partir d'articles publiés par le mensuel. Précisons que, si les pauvres sont le sujet de ce petit opuscule, les riches en sont la cible.
Il contient deux pépites. La première lui a donné son titre, L'Art d'ignorer les pauvres, et sa tête d'affiche, l'économiste américano-canadien John Kenneth Galbraith (1908-2006). Dans un article paru dans Harper's Magazine en 1985, celui-ci passait en revue les moyens peu honorables "de nous épargner toute mauvaise conscience au sujet des pauvres".
Il y a la Bible, qui promet aux pauvres d'ici-bas une juste compensation dans l'au-delà. Il y a l'interprétation de Malthus (1766-1834), qui les rend coupables d'une intempérance sexuelle les poussant à proliférer au-delà des ressources disponibles. Il y a l'analyse d'Herbert Spencer (1820-1903), pour lequel "l'élimination des pauvres constitue le moyen utilisé par la nature pour améliorer la race".
Et puis, il y a le déni, afin de "s'épargner de penser aux pauvres, qu'ils soient en Ethiopie, dans le sud du Bronx ou à Los Angeles, écrit Galbraith. Concentrez-vous sur quelque chose de plus agréable, nous conseille-t-on alors".
"Cuit en daube"
La pertinence du propos tient dans son plaidoyer en faveur d'une intervention de l'Etat. Vingt-six ans avant qu'ils ne sévissent, Galbraith attaque de front les républicains et des tea parties qui rêvent ces temps-ci de ratatiner le budget fédéral américain. Ces dogmatiques croient dur comme fer que les aides sociales sont un encouragement au farniente et les exemptions fiscales des riches un ferment magique de croissance économique.
"La compassion, assortie d'un effort de la puissance publique, est la moins confortable et la moins commode des règles de comportement et d'action à notre époque, conclut Galbraith. Mais elle reste la seule compatible avec une vie vraiment civilisée."
La deuxième pépite est l'oeuvre de l'Irlandais Jonathan Swift (1667-1745), l'auteur des Voyages de Gulliver, qui a rédigé un pamphlet grinçant consacré au Bon usage du cannibalisme. Emu de la multitude des petits mendiants en guenilles, il propose de les manger.
"Un jeune enfant en bonne santé et bien nourri constitue à l'âge d'un an un mets délicieux, nutritif et sain, qu'il soit cuit en daube, au pot, rôti à la broche ou au four", écrit-il. Un gentleman ne rechignera pas "à débourser 10 shillings pour un nourrisson de boucherie engraissé à point".
Swift affirme que son idée n'a que des avantages : elle réduirait le nombre des "papistes", les catholiques ayant beaucoup trop d'enfants ; elle permettrait aux fermiers les plus pauvres de posséder enfin un bien saisissable ; les parents seraient débarrassés des frais d'entretien après la première année ; les hommes deviendraient "aussi attentionnés envers leurs épouses, durant le temps de leur grossesse, qu'ils le sont envers leurs juments ou leurs vaches pleines".
L'Angleterre ne redouterait aucune concurrence pour ses moutons, "car ce type de produit ne peut être exporté, la viande d'enfant étant trop tendre pour supporter un long séjour dans le sel".
Que leur humour soit doux ou noir, Galbraith et Swift séduiront les lecteurs au-delà du cercle des partisans de Jean-Louis Mélenchon (Parti de gauche) et de Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste).
Alain Faujas
Article paru dans Le Monde du 15.09.11

A lire sur le sujet : "Eliminer la pauvreté : zéro pauvre, c'est possible ?" (PUF 2010) de Julien Darmon professeur à Sciences Po
Un article dans Le Monde du 28 octobre 2011 : "La pauvreté, cause politique abandonnée ?"
La pauvreté s'est accrue en France dans la décennie 2000.
Si on considère la "pauvreté monétaire relative" (c'est à dire en dessous du seuil minimum admis, en France : moins de 950 euros par mois), elle touche en France un peu plus de 8 millions de personnes, de plus, 3 millions de personnes connaissent des privations matérielles graves et 4 millions vivent dans des ménages "à faible intensité de travail", soit un total de 11,3 millions de personnes en France situation de pauvreté et/ou d'exclusion (19% de la population)
Les chiffres donnés par l'Insee sont ceux de 2009. On constate une hausse de 4% entre 2008 et 2009.
Une situation sanitaire préoccupante : recrudescence de la tuberculose, "maladie de pauvre"
4 millions de personnes sans complémentaire santé. 30% des personnes non protégées par une complémentaire renonceraient aux soins.
8 % des femmes enceintes qui sont passées par les centres de Médecins du Monde sont sans domicile et 68 % ne bénificient pas d'accès aux soins prénataux ordinaires.
133 000 personnes vivent actuellement dans la rue. Il n'existent pour eux que 400 logements de réinsertion.

Aujourd'hui, dans la France de Sarkozy, une femme met au monde un enfant sur un trottoir.

ça doit être sans doute un coup des chinois...

Triste !
L'enfant, une petite fille, n'a pas survécu...
A trois cents mètres d'une maternité.

Obama espère que Giulia ressemble plutôt à Carla qu'à Nicolas. Et la petite fille qui est née et morte, l'autre jour, sur un trottoir de Paris, elle ressemblait plutôt à sa maman ou à son papa ?

Mr_Nostalgia a écrit:Le 17 octobre est en France la journée nationale de lutte contre la pauvreté !

Dommage que ce ne soit pas plus souvent...
C'est comme la journée de la femme. Pourquoi pas tous les jours ?

Oui, tu as raison : ces journées sont ridicules et indécentes.

49, 1 millions de pauvres aux Etats Unis, chiffres publiés le 7 novembre 2011 par le Bureau de recensement US, soit 16 % de la population. Difficile de faire une comparaison : le seuil de pauvreté est fixé aux Etats Unis, pour un couple avec deux enfants, à 24343 $ (7657 euros), largement en dessous des normes françaises ou européennes !

Jean-Luc a écrit: 24343 $ (7657 euros),

Tu es sûr de cette conversion ?

Non pas du tout ! Même si l'euro est fort !
24343 dollars = 17657 euros !

Bien sûr c'était pour voir si tu suivais...

Et apparemment il n'y en a qu'UN qui suit !

Vu, dans l'émission Place publique, les Français face à la crise, présentée par PPDA, hier soir, un beau reportage sur Macha et Christina, un couple (non homosexuel) de très jeunes mères de famille vivant ensemble (dormant dans le même lit) pour réduire leurs dépenses, et ayant fait de l'entraide un mode de vie contre la précarité, et toute heureuses, riant aux éclats, d'avoir réussi à ne dépenser chacune au supermarché que 50 euros pour se nourrir, elles et leurs deux enfants, pour toute la semaine !
Emouvant...

augmente là où il y a toujours plus de richesse... (cela a déjà été étudié!)
Que pouvons nous faire à notre niveau? Dépenser moins sur tous les plans pour ne pas donner davantage à ceux à qui profite l'argent de cette surconsommation effrénée (les lobbies), prendre conscience de nos addictions quotidiennes et les gérer au mieux, cultiver la Joie dans notre existence (Les Hippies ont essayé)...
Cependant il y a des êtres qui sont en rébellion avec la vie et qui se mettent en danger permanent (ainsi que leur progéniture) parce qu'ils ne veulent pas solliciter les aides (pour des raisons d'ordre certainement psychologiques). Il suffit de faire une nuit de maraude au Samu Social...
Rappelons que depuis les années 70 en France la sectorisation de la psychiatrie a ouvert les portes des hôpitaux ; les médecins y sont bien au chaud et les malades perdus dans la rue, livrés à eux-même, à leur dénuement physique et psychique (Et ceci malgré tout l'arsenal médicamenteux) ....
Rien de nouveau sous les étoiles depuis la nuit des temps! La pauvreté existe, même dans la République de Platon, et il en sera toujours ainsi tant que l'humain ne prendra pas conscience qu'il est un prédateur dés sa conception et tant qu'il ne se sentira pas responsable lui seul de sa propre existence. Des recettes? Ben pas facile
Chacun, riche, pauvre et l'entre deux, doit trouver son chemin, qui n'est pas celui du voisin!
Nos"Ancêtres" Les Hippies avaient trouver pour certains... mais c'est une autre histoire!

Le Crédit Municipal de Paris, plus communément appelé Mont de Piété, a décidé d'utiliser une partie de ses bénéfices de 2011 à l'effacement de la dette des 4000 clients les plus pauvres. Le reste sera affecté au financement de la construction d'un centre d'hébergement pour sans domicile fixe. En cela le Crédit Municipal de Paris s'inscrit parfaitement dans son rôle d'établissement bancaire social dans l'esprit de son fondateur Théophraste Renaudot qui l'a créé en 1637.

Je viens de lire une rapide biographie de Théophraste Renaudot sur Wikipédia, ça à l'air d'être un type extraordinaire et visionnaire !

Théophraste....
Ce prénom me laisse rêveur.

On a bien un Théophane (Théo) sur le forum !

Salut Néo-Codion! Quel est ton avis à ce sujet ?!

Oui Alcantara ? Sur quel sujet, la pauvreté, le mont de piété, Théophraste Renaudot ?
Sur la pauvreté, je suis révolté de la répartition des richesses telle qu'elle est faite actuellement et des écarts qui tendent à s'accroîtent de plus en plus...