Suicide

L'article 223-13 du code pénal punit l'incitation au suicide si celle-ci est suivie d'effet, ne serait-ce que par une tentative même ratée ! En revanche, si l'incitation n'est pas suivie d'effet, il n'y a aucune infraction.
Les conditions de travail de certaines entreprises ou leur management ne pourraient ils pas être considérés comme de véritables incitations au suicide ?
Un auteur, un philosophe qui dans un livre justifierait le suicide pourrait-il être poursuivi ?

Deux ans de prison pour avoir organisé le suicide de sa mère
La cour d’appel d’Angers a condamné hier un homme de 47 ans à deux ans de prison ferme pour avoir provoqué le suicide de sa mère, en lui faisant croire qu’il allait lui-même mettre fin à ses jours. Les juges ont doublé la peine infligée en première instance. Le 17 mars 2008, la mère du condamné, âgée de 82 ans et pensionnaire d’un foyer-logement à Evron (Mayenne), avait avalé un demi-litre de produit d’entretien, précisant à une infirmière qu’elle «voulait s’en aller car son fils était mort». Elle est morte quelques heures plus tard. La veille, son fils l’avait appelée pour lui annoncer qu’il allait se suicider. Puis il lui a laissé un message d’adieu. «C’était elle ou moi», a-t-il expliqué, confirmant une relation fusionnelle avec sa mère, chez qui il était retourné vivre à l’âge de 41 ans, après un divorce, pour lui révéler deux ans plus tard son homosexualité. L’expert psychiatre a décrit chez lui un «trait dominant de manipulation». Il avait préparé l’enterrement de sa mère avant de la pousser à l’acte. La provocation au suicide est punie d’un maximum de trois ans d’emprisonnement.
Libération 14 octobre 2011

Le baromètre Santé 2010 de l'Institut national de la prévention et d'éducation pour la santé (INPES) publié le 13 décembre dernier indique que 5,5% des personnes déclarent avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie et près de 4 % de la population a eu des pensées suicidaires durant l'année écoulée.

10400 personnes décèdent par suicide chaque année.
(L'un des plus fort taux des pays européens)
C'est à dire, en France : 1 décès sur 5 !
Les TS (tentatives de suicide) seraient entre 10 et 40 fois plus fréquentes que les suicides.
4 % de la population a eu des pensées suicidaires durant l'année écoulée.
5,5 % de la population déclare a déjà fait une tentative de suicide au cours de sa vie (7,6 % des femmes et 3,2 % des hommes)
Entre 2004 et 2007, il y a eu 279 843 hospitalisations suite à une tentative (dont 65 % de femmes)
Méthodes employées :
1°) Médicaments, psychotropes : 85,3 %
2°) Auto-intoxication par d'autres produits, alcool, produits chimiques, pesticides, émanation de gaz : 7,1 %
3°) Phlébotomie (incision des veines) : 4,9 %
4°) Pendaison : 1,4 %
Le reste (2,3 %) : saut dans le vide, arme à feu, noyade, collision intentionnelle...
Les régions les plus touchées : le Nord et l'Ouest.
Sources : Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 15 décembre 2011

"Le suicide reste la seule solution" avait écrit Rémy Lauvradoux cadre placardisé chez France Telecom à sa direction en évoquant sa "mise à la poubelle", et sans provoquer la moindre réaction, avant de s'immoler par le feu le 26 avril dernier. Sa veuve porte plainte.

Cette petite puce de douze ans qui s'est tiré une balle de fusil...

Profonde tristesse... Société violente, dure et impitoyable...

Le samedi 11 février 2012 à 12 heures au Palais du Luxembourg (Sénat) 15 ter, rue de Vaugirard 75006 Paris :
dans le cadre des journées nationales de prévention du suicide, hommage à Denis Cettour, philosophe.
Inscription obligatoire à : franceprevention.suicide@sfr.fr

L'association "Phare enfants-parents" souhaite interpeller les candidats à la présidentielle sur le suicide des jeunes "de plus en plus précoce". Elle rappelle que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les moins de 24 ans derrière les accidents de la route.
Le 7 février sera la journée nationale de prévention du suicide.
http://www.phare.org/

En trois ans (de 2009 à fin 2011) on comptabiliserait un surcroît de 750 suicides et 10780 tentatives, selon le psychiatre et professeur de médecine légale Michel Debout, très en colère face à l'inaction des pouvoirs publics envers cette réalité. Pour lui, il est plus que temps de se mobiliser autour de "ces dégâts humains de la crise, on frôle la non-assistance à personne en danger." Il ajoute que :
" on peut s'attendre au pire pour 2012 et 2013, en particulier pour les 40-55 ans. Pourquoi ne met-on pas en place un soutien médical et psychologique pour les chômeurs ? La société montrerait aux gens qu'ils comptent encore ! Un chômeur se suicide parce qu'il est déjà socialement mort, qu'il n'a plus de place, c'est une mise en adéquation avec son vécu. Mais personne ne se soucie du devenir de ces chômeurs. C'est comme si on n'avait pas envie de voir la réalité en face. Trop gênante...
Rappels : La France se situe au 7e rang des 30 pays de l'OCDE pour son taux de suicide. En France, le suicide est la première cause de mortalité chez les 35-44 ans, il arrive en deuxième position chez les 15-24 ans. 73 % sont le fait des hommes.
(Le Monde 8 février 2012)

Je reviens sur un fait divers d'il y a trois semaines : une mère de six enfants s'immole par le feu dans les locaux des services du logement de la mairie de Saint-Denis (Seine Saint-Denis). Hébergée avec sa famille dans différents hôtels depuis une dizaine d'années elle exigeait un "logement stable". Le ton est vite monté. Elle s'est écartée et s'est mise à flamber. Malgré l'intervention des agents d'accueil elle est morte. Son geste de désespoir pose la question. du rôle des services sociaux et de la non-mise en oeuvre du droit au logement pourtant inscrit dans la loi, y compris dans des cas d'extrême précarité. Comment cette famille a-t-elle pu rester sans toit pendant une dizaine d'années, sans que soit trouvée une solution ? Et quid de la protection de l'enfance ? Cette famille dit-on était connue des services de police pour "être sur un registre très agressif, on ne savait pas quoi en faire..."
Cette fois-ci, cette mère de famille a retourné sa violence contre elle. Le suicide comme arme de protestation.
Les agents de la mairie ont bénéficié d'un soutien psychologique, suite à ce drame.

"Le travail que j'effectue chaque jour ne semble être pas très apprécié. Je suis remis en cause en permanence. Depuis que je suis passé cadre, j'ai cherché en vain à, réussir, me former, écouter. Rien ne semble y faire. Cela à engendré un manque de confiance terrible avec une anxiété permanente. Je préfère ne pas vivre dans un tel contexte opprimant. J'ai tout pour être heureux , une femme aimante, une fille adorable. Mais toute cette anxiété professionnelle a pris le pas sur ma vie privée."
Extrait de la dernière lettre de Jérémy Buan, jeune cadre supérieur de la Poste, rendue publique par sa femme après qu'il se soit jeté du 4ème étage du bâtiment de la Poste centrale à Rennes.

Dimanche après-midi, Bruno Peuziat, 42 ans, deux enfants, se rend sur son lieu de travail, le centre de courrier de Trégunc (Finistère) pour s'y pendre. Se donner la mort sur son lieu de travail, ce n'est pas un geste anodin. C'est un cri, ça veut dire quelque chose ! Ce suicide à la Poste intervient douze jours après celui de Jérémy Buan qui s'était jeté du 4ème étage de la Poste centrale de Rennes et six mois après celui d'une employée du centre financier de la rue Blomet (Paris 15ème) qui s'est défenestrée elle aussi.

Sur les 10 330 suicides enregistrés en France en 2010, près de 2900 concernaient les plus de 65 ans.
Sentiment de solitude et d'abandon et précarité sont les deux facteurs déterminants.

Ça me révolte que certains disent "le suicide, c'est la liberté de chacun, c'est un choix" !
Je regrette ! Ce n'est jamais un choix ! C'est une impasse, un cul-de-sac ! Si vous améliorez le quotidien des gens, si vous soulagez un patient âgé, il ne voudra plus mourir...
Comme le dit le texte d'accueil, nous voulons le bonheur. Pour tous. Et jusqu'au bout !

Le bonheur, la paix, la joie, l'amour et la plénitude, de la naissance jusqu'à la mort. La sérénité.
Pour cela, il faudrait construire une société de la personne et de la solidarité. En un mot, une société de l'amour.
Il n'est pas normal que se pose le débat sur l'euthanasie, alors que nous avons tous les moyens pour lutter contre la douleur et la souffrance.
Tout ceci n'est que le signe du mépris qui est de nos jours accordé à la vie...

Lundi 10 septembre 2012, journée mondiale de prévention du suicide.
On estime à 1 000 000 suicides par an dans le monde...
http://www.who.int/mediacentre/events/annual/world_suicide_prevention_day/fr/index.html
http://www.iasp.info/fr/accueil.php

Avec 15 500 décès par an et entre 200 000 et 220 000 tentatives, la France compte déjà parmi les pays les plus touchés par le suicide. Or, on estime que la crise ne fait qu'accentuer le phénomène.
"La prévention du suicide doit devenir une priorité de santé publique" disent les spécialistes, déplorant que la France ne prenne pas la mesure du problème. Déjà le Conseil Economique et Social faisait cette recommandation en... 1993 !

Sources :
Infosuicide.org
Observatoiresuicides.org

Quelques semaines avant la dernière élection présidentielle, la femme du ministre de l'Education Nationale d'alors, Luc Chatel, s'est suicidée. On pense généralement que lorsqu'un tel drame vous frappe, vous touche de si près, on voit la vie différemment, on mesure la vanités des choses et on prend de la hauteur. C'est généralement effectivement vrai pour tout le monde, sauf pour Luc Chatel qui continue comme si de rien n'était à alimenter la presse de ses petites phrases politiciennes quand, par exemple, il compare son successeur à l'Education Nationale, à Pétain !

"Notre industrialisation a été si fulgurante que nous n'avons pas été capables de régler les problèmes sociaux qu'elle a engendrés" dit Kim Sungil du Centre coréen de prévention des suicides, la Corée du Sud paye depuis quinze ans le prix de son succès économique.
Le pays du Matin Calme a le taux le plus élevé de toute l'OCDE, avec 33,5 suicides pour 100 000 habitants.
"Le suicide n'est pas un problème personnel, mais un fléau social."

@hipnik

Y a des fois où la cause d'un suicide crève les yeux, effectivement...Bien que parfois le meurtre semble une solution plus rationnelle

C'est vrai, mais c'est plus risqué ! Il faut "donner" de soi !

Un homme de 59 ans, criblé de dettes, s'est jeté par la fenêtre de son appartement à l'arrivée de l'huissier venu lui signifier un arrêté d'expulsion. Cela s'est passé lundi dernier à Toulouse.
http://www.leparisien.fr/toulouse-31000/toulouse-endette-il-se-suicide-a-l-arrivee-des-huissiers-02-10-2012-2197905.php

"La Poste m'a tué", c'est le message qu'a laissé avant de tenter de se suicider sur son lieu de travail un employé âgé d'une quarantaine d'année à Bayonne, le 4 mars.

Dans un courrier il précise :
"Mon geste n'est dû qu'à ma situation professionnelle, c'est la seule réponse qui me reste à l'absence de dialogue que je subis depuis si longtemps.
Placardisé, ignoré, dénigré depuis des années, puis déprécié, je n'ai plus la force de continuer..."

En novembre dernier c'est une factrice de Haute-Loire âgée de 21 ans qui a mis fin à ses jours, en raison d'une charge de travail trop importante selon ses proches...

Et le 25 février 2013, c'est un cadre de La Poste qui a été retrouvé pendu à son domicile. Il était "en état d'épuisement" selon les syndicats...

Le nombre d'arrêt maladie aurait augmenté en 2012, alors que les suppressions d'emplois se multiplient...

Le parquet de Pau a ouvert une enquête après le suicide, lundi 4 mars à Pau, d'un cadre de France-Télécom.
Ce salarié aurait été sous le coup d'une suspension temporaire depuis le mercredi précédent...