Thomas Sankara
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Thomas Sankara
J'ai beaucoup d'admiration pour ce météore politique qu'a été Thomas Sankara (1949-1987)
Militant anti-colonialiste, anti-impérialiste, anti-corruption, panafricain, et tiers mondiste, il prit le pouvoir le 4 août 1983 en Haute Volta qu'il rebaptisa Burkina-Faso, pays des hommes intègres, en langue burkinabée. Son intégrité et son désintéressement sont unanimement reconnus. Chaque soir, il rentrait coucher dans sa modeste case et tous les matins il retournait au palais présidentiel en vélo ! Il prit la tête des non-alignés et fut souvent considéré comme le Che Guevara africain. On se souvient de sa très courtoise et cependant très ferme mise en cause du néo-colonialisme de la Françafrique en présence d'un Mitterrand pâle et impassible devant les caméras du monde entier. Il fut assassiné quelques semaines après, des propres mains, dit-on, de son compagnon d'armes, Blaise Campaoré, qui avait été adopté adolescent par les parents de Sankara. Blaise Campaoré est toujours aujourd'hui président du Burkina Faso. Thomas Sankara était un exemple qu'on ne voulait pas voir se développer dans d'autres pays d' Afrique !
Militant anti-colonialiste, anti-impérialiste, anti-corruption, panafricain, et tiers mondiste, il prit le pouvoir le 4 août 1983 en Haute Volta qu'il rebaptisa Burkina-Faso, pays des hommes intègres, en langue burkinabée. Son intégrité et son désintéressement sont unanimement reconnus. Chaque soir, il rentrait coucher dans sa modeste case et tous les matins il retournait au palais présidentiel en vélo ! Il prit la tête des non-alignés et fut souvent considéré comme le Che Guevara africain. On se souvient de sa très courtoise et cependant très ferme mise en cause du néo-colonialisme de la Françafrique en présence d'un Mitterrand pâle et impassible devant les caméras du monde entier. Il fut assassiné quelques semaines après, des propres mains, dit-on, de son compagnon d'armes, Blaise Campaoré, qui avait été adopté adolescent par les parents de Sankara. Blaise Campaoré est toujours aujourd'hui président du Burkina Faso. Thomas Sankara était un exemple qu'on ne voulait pas voir se développer dans d'autres pays d' Afrique !
Dernière édition par neo-codion le Mar 10 Jan 2012 - 21:11, édité 2 fois
neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Re: Thomas Sankara
Discours de Thomas Sankara à l'ONU le 4 octobre 1984 :
« Permettez, vous qui m'écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom de mon Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.
Je parle au nom de ces millions d'êtres qui sont dans les ghettos parce qu'ils ont la peau noire, ou qu'ils sont de cultures différentes et qui bénéficient d'un statut à peine supérieur à celui d'un animal.
Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves, afin qu'ils n'aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s'enrichir en convolant en noces heureuses au contact d'autres cultures, y compris celle de l'envahisseur.
Je m'exclame au nom des chômeurs d'un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.
Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d'un système d'exploitation imposé par les mâles. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l'épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage, à tous les pays, l'expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l'appareil d'Etat et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort.
Cet esclave répondra seul de son malheur s'il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d'un maître qui prétend l'affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos soeurs de toutes les races pour qu'elles montent à l'assaut pour la conquête de leurs droits.
Je parle au nom des mères de nos pays démunis qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu'il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d'hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d'une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l'OMS et l'UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.
Je parle aussi au nom de l'enfant. L'enfant du pauvre qui a faim et louche furtivement vers l'abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une épaisse vitre. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier placé là par le père d'un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que présentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.
Je parle au nom des artistes - poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs - hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l'alchimie des prestidigitations du show-business.
Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage.
Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l'esclavage moderne.
Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l'humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes.
C'est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d'une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d'hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim...
Je m'élève ici au nom de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération, réellement. Sur cette tribune beaucoup m'ont précédé, d'autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils peuvent se faire entendre. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger ».
« Permettez, vous qui m'écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom de mon Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.
Je parle au nom de ces millions d'êtres qui sont dans les ghettos parce qu'ils ont la peau noire, ou qu'ils sont de cultures différentes et qui bénéficient d'un statut à peine supérieur à celui d'un animal.
Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves, afin qu'ils n'aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s'enrichir en convolant en noces heureuses au contact d'autres cultures, y compris celle de l'envahisseur.
Je m'exclame au nom des chômeurs d'un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.
Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d'un système d'exploitation imposé par les mâles. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l'épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage, à tous les pays, l'expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l'appareil d'Etat et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort.
Cet esclave répondra seul de son malheur s'il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d'un maître qui prétend l'affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos soeurs de toutes les races pour qu'elles montent à l'assaut pour la conquête de leurs droits.
Je parle au nom des mères de nos pays démunis qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu'il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d'hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d'une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l'OMS et l'UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.
Je parle aussi au nom de l'enfant. L'enfant du pauvre qui a faim et louche furtivement vers l'abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une épaisse vitre. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier placé là par le père d'un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que présentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.
Je parle au nom des artistes - poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs - hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l'alchimie des prestidigitations du show-business.
Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage.
Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l'esclavage moderne.
Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l'humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes.
C'est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d'une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d'hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim...
Je m'élève ici au nom de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération, réellement. Sur cette tribune beaucoup m'ont précédé, d'autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils peuvent se faire entendre. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger ».
neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Re: Thomas Sankara
"Nous avons besoin d'hommes libres pour mettre en place un monde de paix et d'amour"
Thomas Sankara
Site consacré à Thomas Sankara : http://www.thomassankara.net/
Thomas Sankara
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neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Re: Thomas Sankara
Le père de Sankara avait été un combattant pendant la seconde guerre mondiale. Musulman à l'origine, il se convertit au catholicisme et éleva ses enfants dans la foi catholique. Le petit Thomas fut donc enfant de choeur et répéré par les religieux missionnaires, il reçu une solide éducation. Il a toujours dit que c'est grâce à l'éducation religieuse reçue de ses maîtres qu'il prit conscience de l'injustice du système colonial et de l'injustice du capitalisme. Cependant, à la déception de ses proches et de ses maîtres, il ne choisit pas de devenir prètre mais embrassa la carrière militaire. Il resta très croyant et su conjuguer sa foi avec la pensée marxiste à laquelle il adhérait. Ce fut un adepte de la théologie de la Libération qui prône l'option préférentielle pour les plus pauvres. Il vécut personnellement dans une espèce de simplicité volontaire, presque un dénuement...
"Nous avons besoin d'hommes libres pour mettre en place un monde de paix et d'amour"
Thomas Sankara
"Nous avons besoin d'hommes libres pour mettre en place un monde de paix et d'amour"
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neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Re: Thomas Sankara
Le festival de Locarno a présenté un documentaire du réalisateur suisse Christophe Cupelin intitulé "Capitaine Thomas Sankara" dans lequel il ne cache pas son admiration pour le dirigeant burkinabé, jeune, beau, brillant intellectuel, assassiné en 1987. Blaise Campaoré, le second de Sankara et actuel président du Burkina Faso soupçonné d'avoir assassiné son ami et frère de lait, hante le film... A voir dès qu'il sort en France.
http://www.capitainethomassankara.net/
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neo-codion- Messages : 1946
Date d'inscription : 03/08/2011
Re: Thomas Sankara
Ainsi Blaise Campaoré a été chassé. Y aura-t-il une commission d'enquête sur la mort de Thomas Sankara et le rôle de la France mitterrandienne dans celle-ci ?
neo-codion- Messages : 1946
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