Prisons humiliation

Record absolu du nombre de personnes incarcérées en prison en France. C'est un scandale ! Quand on pense que l'une des revendications du mouvement hippie contestataire et non-violent; dans les années 60, était l'abolition des prisons ! Nous devrions reprendre cette revendication, cette exigence de l'abolition de la prison criminogène et réfléchir vraiment aux moyens à mettre en place dans la société pour éradiquer la criminalité que la prison, avec sa violence, ne contient même pas mais bien au contraire développe.

Edito du "Monde" : Prisons surpeuplées ou peuple suremprisonné ?
03.08.11
Il y a une dizaine d'années, une commission d'enquête parlementaire dressait un constat accablant de la situation des prisons françaises : "Une humiliation pour la République", concluait son rapport, resté dans les annales. En juin 2009, à nouveau, le président de la République avait solennellement sonné l'alarme : notre situation pénitentiaire est "une honte pour la République", avait déclaré Nicolas Sarkozy devant le Congrès.
Il faut croire que la France s'habitue à cette humiliation et que ses pouvoirs publics ne rougissent plus de cette honte. Au 1er juillet, en effet, 73 320 personnes étaient placées sous écrou dans notre pays. Le chiffre - en augmentation de 50 % en dix ans - est un record absolu dans l'histoire de la pénitentiaire.
Le nombre de personnes sous écrou ne se confond pas avec celui des détenus ; 18 % des condamnés bénéficient d'un aménagement de peine, comme le bracelet électronique. Reste que près de 65 000 personnes sont incarcérées en France, dans des conditions trop souvent indignes.
Certes, des efforts budgétaires ont été consentis par les gouvernements successifs et les plus vieux établissements, construits avant 1900, vont être progressivement fermés. La chancellerie table sur 70 000 places en 2018, contre 56 000 aujourd'hui. Mais le programme immobilier ne résoudra rien : le nombre de personnes sous écrou a augmenté de près de 7 % cette année, et la surpopulation carcérale est endémique.
La cause de cette inflation pénitentiaire est simple : on emprisonne chaque jour davantage, et pour les délits de moins en moins graves. A cet égard, la responsabilité de l'actuel pouvoir exécutif, et en particulier du chef de l'Etat, est lourde. L'empilement de lois alourdissant les peines, la dénonciation incessante du prétendu "laxisme" des juges, la pression constante exercée sur les parquets banalisent de plus en plus l'emprisonnement.
L'affaire de Pornic a, incontestablement, marqué un tournant. Après le meurtre affreux de la jeune Laëtitia en janvier, Nicolas Sarkozy avait vivement mis en cause les magistrats et les fonctionnaires d'insertion qui, faute de moyens, n'avaient pas assuré le suivi de celui qui est devenu son assassin. Les multiples enquêtes sur les magistrats de Nantes n'ont pas donné grand-chose, mais le message est passé. Les mises à exécution de peines d'un an à moins de trois ans ont augmenté de 50 % : dans le doute, les juges envoient désormais les petits délinquants en prison, où la situation était déjà intenable.
Il faut donc relever le courage du procureur de Dunkerque qui a osé demander, récemment, la suspension des écrous pour les délits les moins graves pendant le mois d'août, avant d'être rappelé à l'ordre par la chancellerie.
"On nous dit que les prisons sont surpeuplées, écrivait Michel Foucault en 1971. Mais si c'était la population qui était suremprisonnée ?" La question est plus pertinente que jamais : il y avait, à l'époque, 29 500 personnes en prison ; elles sont aujourd'hui plus du double.

Relisons Surveiller et Punir

Bien d'accord avec toi creme_de_marron. Le système carcéral en France est une honte, un scandale. Il ne vise ni l'amendement ni à la réinsertion mais à la destruction de la personne et par là il est infiniment criminogène. La peine est normalement uniquement la privation de la liberté, c'est à dire la privation d'aller et venir librement à sa guise, et pas l'humiliation constante actuelle (déféquer devant autrui), l'impossibilité d'avoir un suivi médical et psychologique de qualité ou d'avoir une vie affective ou sexuelle...

Entièrement d'accord mais aujourd'hui ce n'est pas un discours porteur ! Dire qu'effectivement on pensait vers '65-70 que la prison n'existerait certainement plus en "l'an 2000" !!

Dr_Natural a écrit:Entièrement d'accord mais aujourd'hui ce n'est pas un discours porteur ! Dire qu'effectivement on pensait vers '65-70 que la prison n'existerait certainement plus en "l'an 2000" !!

Je connais des hippies d'aujourd'hui partisans de la peine de mort "dans certains cas"...

La grandeur et le degré d'humanité d'une société se mesure à la façon dont elle traite ses prisonniers, ses fous et ses vieux.
Il existe en Norvège une prison sans gardien où dans la journée les prisonniers peuvent aller au village voisin...

neo-codion a écrit:La grandeur et le degré d'humanité d'une société se mesure à la façon dont elle traite ses prisonniers, ses fous et ses vieux.

Voilà des questions qu'on devrait réinvestir. Cela changerait des hippies qui passent leur dimanche à embrasser les touristes sur le parvis de Notre-Dame !

Tu es vraiment moqueur Dr_Natural !

PEACE !

hippium a écrit: Je connais des hippies d'aujourd'hui partisans de la peine de mort "dans certains cas"...

Bonjour Hippium,

Cette terminologie, courante, de "peine de mort", me gêne un peu.
Elle est, pour moi, en contradiction avec celle d'"euthanasie" :
du Grec eu-thanatos : la "belle mort".

Je me méfie des questions qui sont avant tout des affirmations.
Exemple : j'ai entendu dire que, dans les premiers siècles après notre zéro conventionnel,
des théologiens se sont chamaillés sur la question de savoir si Adam et Eve avaient un nombril.
En apparence, la réponse est facile : c'est oui ou non.
- Oui : ils étaient les premiers humains, donc en avaient les caractéristiques ;
- Non : ils n'étaient pas nés comme les autres humains.
Le problème est que cette question affirmait en fait qu'il avait existé une première femme et un premier homme.

Pareil avec l'éternelle question concernant cette prétendue "peine de mort".
En apparence, la réponse est facile : on est pour ou contre.
Est-ce si simple ?

Je pose donc d'abord deux questions :
- La mort est-elle une peine ?
- Si oui, pour qui ?

Eon

hippium faisait, je crois, allusion à une vieille histoire et un long débat houleux qui s'est passé sur un autre forum...

Moi, je suis de toute façon contre la mort dans tous les cas, je suis DONC contre la peine de mort !

A bas la mort !

Sarkozy a promis la construction, d'ici 2017, de 30 000 places supplémentaires de prison. Aujourd'hui, il y a 64 250 détenus pour 56 150 places.
http://www.rue89.com/2011/09/13/prisons-la-folie-des-grandeurs-de-nicolas-sarkozy-221818

Dans Le Monde du 15 octobre 2011 un long article et une en quête expliquant comment les prisons françaises et le système pénitentiaire français fabriquent de la récidive.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/14/comment-les-prisons-francaises-fabriquent-de-la-recidive_1587798_3224.html
Le mépris envers les détenus et l'absence de toute considération (de toute humanité ?) et de toute perspective, les conduisent inévitablement à se considérer eux-mêmes comme perdus pour la société et que leur seule place est bien en définitive la prison.
Cela me fait penser à ce projet monstrueux d'évaluer les enfants de classes maternelles et de les trier entre trois catégories : RAS, à risque ou à haut risque face à l'échec scolaire. N'importe quel psychologue sait que les enfants ainsi catalogués n'auront de cesse de se conformer exactement à l'étiquette qu'on leur aura attribuée.

Le Tribunal administratif de Marseille a ordonné la suspension des fouillles corporelles intégrales imposées à l'issue de chaque parloir aux détenus du centre de détention de Salon-de-Provence (Bouches du Rhône). Elles sont de "nature à occasionner un préjudice caractérisé en contraignant (les détenus) à se mettre nus devant le personnel pénitentiaire, portant ainsi atteinte à leur dignité"
Rappelons que la CEDH interdit la pratique des fouilles à nu, ce dont la France n'a absolument rien à foutre car elle est régulièrement condamnée

Le jeudi 24 novembre, parvis des Droits-l'Homme au Trocadéro, à Paris a été égrèné les noms des 263 morts dans les prisons françaises en 2010, à l'initiative de la sénatrice Esther Benbassa, du Genepi (Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées), la Farapej (Fédération des associations réflexion-action prison et justice), le Secours Catholique, Emmaûs, le collectif Les Morts de la rue, la Mission de France, et la Cimade.
Sur 263 décès en 2010, 121 se sont suicidés, 138 sont morts "de mort naturelle", 4 ont été tués. La grande majorité était en détention provisoire et à 60 % pour des délits et non des crimes.

L'Observatoire International des Prisons (OIP) a présenté le 7 décembre son premier rapport sur la situation carcérale qui, par bien des aspects est "pire qu'hier"
Plus de 20 % des détenus seraient atteints de troubles psychotiques, "certaines personnes n'ont rien à faire en prison. Ces dernières années ont été celles de l'industialisation de la prison !". Le taux de suicide est le plus élevé d'Europe (14,6 pour 10 000)
http://www.oip.org/

On a remplacé la "peine de mort" par la "peine de suicide".

On a réintroduit la "guillotine sèche" !
On satisfait les penchants sadiques de l'homme...

Une nouvelle fois, la justice a condamné les fouilles a nu. Le juge de référés du tribunal administratifs de Poitiers les a déclarées illégales. Elles sont donc suspendues dans le département jusqu'à ce que le tribunal statue sur le fond.

La France est régulièrement condamnée pour les conditions faîtes à ses détenus.

"La prison doit changer, la prison va changer, avait-t-il dit" de Véronique Vasseur et Gabriel Mouesca Editions Flammarion Document, 227 pages, 18 euros
Pour dénoncer les zones de non-droit que sont les prisons françaises, ce livre donne la parole à deux spécialistes de terrain : Véronique Vasseur, auteur d'un livre qui, en l'an 2000, avait alerté l'opinion sur les conditions de détention en France ("Médecin-chef à la prison de la Santé") et Gabriel Mouesca, ancien détenu emprisonné de 1984 à 2001.
Ensemble, ils évaluent la politique carcérale des onze dernières années. Une politique qui refuse d'entendre les revendications des détenus et des organisations qui les soutiennent. Une administration qui ne se plie pas aux injonctions de la Cour européenne des droits de l'homme et ignore les rapports accablants du Comité de prévention de la torture.
"La prison doit changer, la prison va changer" avait dit Nicolas Sarkozy le 22 janvier 2007, en visitant le centre pénitentiaire de Rennes...